La grande discorde

Le Caire démantèle une « cellule subversive » de l’organisation chiite libanaise, qu’il accuse de fomenter des troubles en Égypte.

Publié le 21 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Le torchon brûle entre l’Égypte et le Hezbollah libanais. Il suffit de parcourir la presse du Caire pour mesurer la gravité du conflit. Hassan Nasrallah, le chef de la puissante organisation chiite, est traité de « cheikh simiesque » et de « criminel de guerre ». Il est accusé d’avoir fomenté des troubles en Égypte et singulièrement des attentats contre les touristes israéliens. Le parquet a annoncé, le 8 avril, qu’une organisation clandestine avait été démantelée ; 49 personnes sont impliquées, dont 25 sont sous les verrous. Ce sont des Égyptiens, des Palestiniens, des Libanais, des Soudanais… Le Libanais Sami Chihab est présenté comme le chef de la cellule subversive.

Le cheikh Nasrallah n’a pas tardé à réagir. Il reconnaît que Chihab appartient bien au Hezbollah, mais affirme qu’il se trouvait sur les bords du Nil pour une « mission logistique ». En clair, il était chargé, avec son réseau – « qui ne dépasse pas dix membres » – d’approvisionner en armes le Hamas. « Si aider les Palestiniens constitue un crime, plaide le cheikh, alors je suis coupable et fier de l’être ! » Il ajoute : « Tout le monde sait que ce n’est pas la première fois que le Hezbollah tente de fournir des armes aux Palestiniens. » Certes, mais c’est la première fois que Nasrallah le dit. Le reste, explique-t-il encore, est « une invention pure et simple destinée à dresser le peuple égyptien contre le Hezbollah ». En janvier, lors de la guerre de Gaza, Nasrallah avait invité les Égyptiens à manifester « par millions » pour forcer les autorités à ouvrir le terminal de Rafah avec le territoire palestinien.

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Quel crédit accorder aux accusations égyptiennes ? Les sceptiques risquent d’être surpris, a déclaré Ahmed Aboul Gheit, le chef de la diplomatie. « J’aimerais bien voir leur tête lorsque l’enquête sera bouclée et que toutes les preuves seront rendues publiques », a-t-il ironisé. Revenant sur les origines de la guerre du Liban, à l’été 2006, et de l’opération israélienne contre Gaza, il reproche au Hezbollah et au Hamas d’avoir péché par aventurisme. La résistance devrait tenir compte du rapport des forces avec Israël, qui est loin d’être favorable aux Arabes, et « s’adapter ».

Pour Aboul Gheit, l’affaire du réseau du Hezbollah en Égypte a une dimension géopolitique. Aucun doute, l’organisation chiite agit pour le compte de l’Iran, qui entend exercer son hégémonie sur l’ensemble du Moyen-Orient. À l’arrière-plan, la redistribution des cartes provoquée par l’élection de Barack Obama et la perspective de négociations directes entre les États-Unis et la République islamique. Les immixtions supposées ou réelles des uns comme les accusations fondées ou exagérées des autres semblent largement y participer.

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