La « Mission », une tradition d’excellence

Publié le 21 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Le vent de la réforme ne souffle pas que dans l’Hexagone. Il décoiffe depuis peu les parents d’élèves scolarisés dans les 243 établissements gérés dans le monde par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). Avec 23 écoles, collèges et lycées accueillant quelque 22 000 élèves, dont deux tiers de Marocains, le réseau du Maroc est le plus important. Communément appelé « la Mission », ce maillage scolaire jouit d’une solide et ancienne réputation de qualité qui attire, en 2009, plus de 12 000 jeunes Marocains dont les parents attendent un baccalauréat français qui leur ouvrira les portes des plus prestigieuses universités et écoles du royaume ou à l’étranger. Au Maroc, cette vitrine du système éducatif français a formé des générations de ministres, d’ingénieurs et de chefs d’entreprise, et signe également l’appartenance à un discret mais puissant réseau d’influence. « Je suis l’un des hommes les plus puissants du royaume », ironise ainsi, sous le couvert de l’anonymat, l’un des membres de l’association des « anciens » du lycée René-Descartes de Rabat.

Frais de scolarité exorbitants

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Ce passeport pour l’avenir a un prix, jusque-là assumé sans trop de difficultés par des familles généralement aisées. Mais, aujourd’hui, la pilule des frais de scolarité, également appelés droits d’écolage, est jugée trop amère par les deux principales associations de parents d’élèves. L’Apema et l’UCPE s’alarment d’une augmentation de 36 % programmée sur trois ans. Pour un lycéen marocain, la note annuelle dépasse désormais allègrement 3 000 euros (33 000 dirhams), auxquels s’ajoutent plus de 1 500 euros de frais de première inscription. Sit-in, manifestations et distribution de tracts se multiplient pour dénoncer cette explosion des frais jugée « inéquitable ». Car ce sont les parents des jeunes Marocains qui doivent mettre la main à la poche pour financer la gratuité de la scolarité des lycéens français promise aux Français de l’étranger par le candidat Sarkozy et mise en musique sur trois ans depuis la dernière rentrée. « Il y a une évolution majeure voulue par le président de la République, explique Anne-Marie Descôtes, la nouvelle directrice de l’AEFE, c’est un choix : avec la prise en charge, l’aide française se dirige vers les familles plutôt que vers les établissements. » Mais, adoptée sur fond de restrictions budgétaires (la subvention du ministère des Affaires étrangères à l’AEFE est passée de 304 à 290 millions d’euros), cette réforme menace l’équilibre des comptes de l’Agence.

Les restrictions des personnels enseignants et administratifs commencent par ailleurs à perturber sérieusement le fonctionnement. Les mouvements de grève rythment de plus en plus le calendrier scolaire, déjà allégé des jours fériés marocains et français. Les différences de statut des personnels alimentent aussi les tensions sociales. Pour le seul personnel enseignant, il existe, à tâche égale, pas moins de trois statuts : local, résident ou expatrié, avec des rémunérations allant du simple au quintuple.

Enfin, l’image de certains grands lycées de la « Mission » a été ternie ces dernières années par une succession de drames ou de faits divers (suicide d’un élève du Lycée Lyautey ; série d’agressions sexuelles au lycée Victor-Hugo, à Marrakech). Comme en France, ces établissements de prestige ne sont pas non plus épargnés par des problèmes de drogue ou de discipline.

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