Deux Premiers ministres
Réfugié au Swaziland depuis un mois, Marc Ravalomanana continue de revendiquer son titre et ses prérogatives de président élu. Le 10 avril, à Tripoli, où il était en visite, il a nommé Manandafy Rakotonirina Premier ministre.
Pour une raison encore inconnue, il a attendu le 16 pour rendre sa décision publique. Devant 15000 partisans, réunis sur la place du 13-Mai à Antananarivo, lieu de toutes les contestations populaires, il en a fait l’annonce lui-même, par téléphone.
Manandafy Rakotonirina, flanqué d’un colonel en uniforme et de gardes du corps en civil, a accepté cette charge. Ce vétéran de la politique devient donc le second Premier ministre de l’île, puisque le gouvernement de transition d’Andry Rajoelina, l’opposant qui a renversé le chef de l’État, a, de son côté, désigné Monja Roindefo au même poste.
Connu pour son passé d’« agitateur d’extrême gauche », Manandafy 70 ans, a travaillé quelques années avec « l’amiral rouge » Didier Ratsiraka. Professeur de sociologie, il dirige toujours un petit parti, qu’il a créé en 1972 et qui ne compte que deux ou trois députés. Lui-même s’est présenté plusieurs fois sans succès à des scrutins présidentiels.
Dans les années 1980, alors qu’il était chargé du développement industriel, il aida un certain Marc Ravalomanana, alors jeune chef d’entreprise, à acquérir des sociétés que l’État mettait en vente. En 2002, il soutint ce dernier contre Ratsiraka, quand tous deux revendiquaient la victoire à la présidentielle.
Aujourd’hui, depuis le Swaziland, le président déchu annonce son retour au pays. La Haute Autorité de transition a répondu qu’elle ne s’y opposerait pas, mais que ce dernier aurait « à rendre des comptes ».
À Antananarivo, les avis sont partagés. Certains ne croient pas à un retour du président déchu, qui n’aurait plus le soutien des militaires ; d’autres prédisent une « guerre civile » s’il venait à rentrer. La situation, il est vrai, reste très instable. Ravalomanana compte encore de nombreux fidèles et Rajoelina n’a aucune légitimité. Toujours au ban de la communauté internationale, il promet la tenue d’une conférence nationale, en juin, qui devrait définir les étapes de la transition. Si, bien sûr, il parvient d’ici là à garder le pouvoir que lui a donné la rue.
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