Diversité ou diversion ?

Publié le 20 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Il y a la théorie et la pratique, les beaux discours et la réalité. En France, depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, la promotion de la diversité est devenue un sujet très à la mode. Son corollaire, la lutte contre les discriminations, un cheval de bataille que tout le monde dit vouloir enfourcher. Tant mieux.

Mais pour élaborer les bons remèdes, encore faut-il pouvoir s’appuyer sur un diagnostic précis. La polémique sur la mesure de la diversité, ces fameuses statistiques ethniques interdites en France, parasite le débat. La discrimination positive – qui a fait ses preuves ailleurs – séduit les uns mais heurte les consciences des autres. Elle serait contraire à l’esprit républicain et… au principe d’égalité. Bref, on tourne en rond…

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Il y a aussi les faits, qui s’obstinent à démontrer que le combat ne fait que commencer et que la révolution des mentalités n’en est qu’à ses prémices. Comme ce policier d’origine marocaine recalé au concours des officiers, après avoir été mitraillé de questions sur sa pratique de l’islam, sa perception du Maroc, les origines ou les habitudes vestimentaires de son épouse (« porte-t-elle le voile ? »). Il aura fallu l’intervention de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde), puis du Conseil d’État, pour qu’il puisse retenter sa chance. Comme ces milliers de diplômés aussi, qui peinent (plus que les autres, s’entend) à trouver un emploi. L’un d’entre eux, d’origine algérienne, a publié sur le site eBay une annonce mettant aux enchères ses origines ethniques « pour optimiser sa recherche d’emploi » ! Galéjade ? Non, un simple appel au secours. Se renier pour accéder à un travail : drôle de perspective… Les exemples des petits et grands tracas de la vie quotidienne, des humiliations subies aussi, restent légion.

L’exemple est venu d’en haut, il faut le reconnaître. Sarkozy a procédé à des nominations significatives : ministres, préfets, etc. Mais deux ans après son élection, la France en est toujours au même point. On s’interroge, on réfléchit, on crée des commissions, des think-tanks, mais on ne décide rien. Pour la vitrine – il faut bien commencer par quelque chose me direz-vous –, on saupoudre quelques pincées de diversité ici et là, dans les médias surtout. Le travail de fond, lui, n’est pas fait. On attend toujours, par exemple, le rapport de Yazid Sabeg, le « Monsieur Diversité » du gouvernement. Il devait être remis le 20 mars… À ce rythme, on finira par confondre diversité avec… diversion

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