Pourquoi la CPI fait peur
Contrairement aux apparences, les États membres de la Ligue arabe ne sont pas solidaires avec le président Omar el-Béchir. Leur attitude a pour but de convaincre leurs opinions nationales qu’il existe une solidarité arabe mais aussi de faire front contre la Cour pénale internationale, au cas où cette dernière songerait à les poursuivre. Beaucoup d’entre eux, en effet, ont des choses à se reprocher en termes de violations des droits de l’homme voire de crimes contre l’humanité. Quant aux chefs d’État africains qui critiquent la CPI, leur position est pour le moins contradictoire. Ils sont trente à avoir signé et ratifié le statut de Rome, et le seul État au monde à avoir accepté d’extrader ses propres concitoyens afin qu’ils soient jugés devant la CPI est africain (c’est la RD Congo). Si ces chefs d’État ne sont pas satisfaits de la Cour, qu’ils s’en retirent, comme le statut de Rome leur en donne le droit. Mais sans doute préfèrent-ils jouer sur deux tableaux : adhérer à la CPI pour donner des preuves de bonne gouvernance aux Occidentaux, et s’en désolidariser pour complaire aux riches Arabes. Tout cela, hélas, n’est guère honorable…
Hadi Shalluf, avocat au barreau de Paris, expert auprès de la CPI
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