Pétard mouillé
Il a suffi d’un tir de fusée raté, le 1er avril, pour déclencher un énième psychodrame international.
Tout se passe comme si, pour exister sur la scène internationale, le régime nord-coréen avait périodiquement besoin de défier l’hyperpuissance américaine à l’aide de sa quincaillerie balistique et nucléaire héritée des temps soviétiques – et habilement bricolée depuis. Après les crises de 1998 et de 2006, il vient de s’offrir un énième psychodrame.
Le 5 avril, l’agence officielle KCNA annonce qu’un satellite expérimental a été lancé de la base Musudan-ri et placé sur orbite terrestre afin de diffuser des « hymnes révolutionnaires éternels ». Émotion immédiate à Séoul, Tokyo et Washington : s’agit-il vraiment d’un satellite ? N’est-ce pas plutôt un missile longue portée capable de frapper jusqu’à l’Amérique ? L’engin tant redouté n’est pourtant pas allé bien loin ! Le premier étage de la fusée qui le transportait a plongé dans la mer du Japon tandis que les deuxième et troisième s’abîmaient un peu plus loin, dans l’océan Pacifique. Un pétard mouillé, mais peu importe.
Très vite, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit. Comme d’habitude, les Occidentaux appellent à une aggravation des sanctions, auxquelles, comme d’habitude, Chinois et Russes s’opposent. À Pyongyang, Kim Jong-Il éclate en sanglots : dire que l’argent ainsi dilapidé aurait pu servir à « améliorer le niveau de vie du peuple » ! À Pékin, les négociations à six sur la dénucléarisation de la Corée du Nord vont reprendre et, comme d’habitude, piétiner avec application. Jusqu’au prochain sketch du « cher leader ».
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