Simone Gbagbo va parler

Cinq ans après l’enlèvement du journaliste Guy-André Kieffer le 16 avril 2004 à Abidjan, le juge français Patrick Ramaël va enfin pouvoir entendre la première dame.

Publié le 15 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Cinq ans après l’enlèvement de Guy-André Kieffer par un commando d’hommes armés, le 16 avril 2004 à Abidjan, le juge-enquêteur français Patrick Ramaël va enfin pouvoir entendre Simone Gbagbo, la femme du président, et Paul-Antoine Bohoun Bouabré, le ministre d’État chargé du Plan et du Développement. Dès le début de l’enquête du magistrat à Abidjan, en 2004, le ministre ivoirien a été cité par un témoin clé, Michel Legré. Cet homme a servi d’appât pour attirer le journaliste franco-canadien sur le parking où il a été enlevé. C’est plus tard, en août 2007, que le nom de Simone Gbagbo est apparu dans l’enquête. Un autre témoin clé, Berté Seydou, a alors affirmé que Jean-Tony Oulaï, le chef présumé des ravisseurs, avait été en contact téléphonique avec la première dame ivoirienne. En juillet 2008, le magistrat français a donc convoqué à Paris les deux figures politiques comme témoins. Refus des intéressés. Aujourd’hui, un compromis est trouvé. Sauf imprévu, l’audition doit avoir lieu le 23 avril à Abidjan.

Pourquoi ont-ils accepté finalement d’être entendus ? « Avec cette affaire, ils ont un caillou dans leur chaussure », estime Bernard Kieffer, le frère du disparu. « En allant à cette convocation, ils espèrent mettre un point final à leur embarras. Mais je crois qu’ils se trompent. » Le juge français veut savoir qui a ordonné l’enlèvement et le probable assassinat de l’homme qui en savait trop sur la filière cacao. Simone Gbagbo et Paul-Antoine Bohoun Bouabré vont sans doute affirmer qu’ils n’ont rien à voir avec cette affaire. Pour leur défense, ils ont engagé, outre l’avocat ivoirien Rodrigue Dadjé, deux ténors du barreau de Paris, maîtres Georges Kiejman et Pierre Cornut-Gentille, qui feront le déplacement à Abidjan. Le 23, la partie s’annonce serrée…

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En fait, lors de son dixième voyage en Côte d’Ivoire, le juge Ramaël veut aller plus loin. Depuis quatre ans, il souhaite interroger plusieurs membres de la sécurité ivoirienne. Parmi eux, l’un de chefs civils de la garde présidentielle, Patrice Baï, et l’un des anciens gardes du corps de Simone Gbagbo, Anselme Seka Yapo. À chaque fois, les autorités ivoiriennes se dérobent. Quant aux militaires, ils sont « introuvables » ! « Cette fois, le juge ne veut pas rentrer bredouille », dit Bernard Kieffer. Sous-entendu : si le magistrat ne peut les entendre, il n’est pas sûr qu’il reste à Abidjan jusqu’à l’audition du 23.

Évidemment, la famille du disparu se doute que le juge français n’ira pas très loin sans un feu vert de Laurent Gbagbo. Le changement de pied de son épouse est un signe. Mais au-delà ? Le 8 avril, les deux enfants de Guy-André Kieffer, Canelle et Sébastien, ont adressé une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy. Ils lui demandent d’intervenir auprès de son homologue ivoirien. En août 2007, le président français les a reçus à l’Élysée et leur a promis que ce dossier serait pour lui « une priorité ». Aujourd’hui, ils lui écrivent poliment qu’ils n’en ont plus « la certitude ». 

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