« El Chino » passe à l’ombre
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Le 7 avril, au terme d’un procès-fleuve – cent soixante et une audiences en seize mois –, la justice péruvienne a reconnu l’ancien président Alberto Fujimori, 70 ans, coupable de violations des droits de l’homme et l’a condamné à vingt-cinq ans de prison.
Les faits reprochés à « El Chino » – il doit ce surnom à ses origines japonaises – remontent aux années 1990-2000, durant lesquelles il a dirigé le Pérou. Il s’agit essentiellement de l’exécution, en novembre 1991, de quinze civils par les services secrets, à Barrios Altos, un quartier de Lima, la capitale. Et du massacre, en juillet 1992, de neuf étudiants et d’un professeur sur le campus de l’université La Cantuta. À l’époque, le gouvernement péruvien livrait une guerre acharnée aux groupes maoïstes du Sentier lumineux et aux guévaristes du mouvement révolutionnaire Túpac Amaru.
Destin exceptionnel que celui de cet ingénieur agronome, ancien recteur d’université, élu président en 1990. Populaire, voire populiste, il mène une politique économique ambitieuse (privatisations, grands travaux…) qui vaut au Pérou quelques années de forte croissance. Mais il tient en même temps le pays d’une main de fer. De nombreuses dérives sont constatées dans la gestion des affaires publiques et dans la lutte contre les guérilleros de gauche. S’il parvient à les réduire à néant, c’est au prix de méthodes jugées illégales et brutales, qui ont conduit à sa condamnation, une première pour un ex-président d’un pays d’Amérique latine.
En 2000, une affaire de corruption avait provoqué la chute d’Alberto Fujimori, alors qu’il venait de briguer un troisième mandat en violation de la Constitution. Réfugié d’abord au Japon – il a la double nationalité –, El Chino a été arrêté au Chili en 2005, puis extradé au Pérou. L’ancien président n’en a pas fini avec la justice : déjà condamné, en 2007, à six ans de prison pour abus de pouvoir, il devra faire face, dans les prochains mois, à deux nouveaux procès pour corruption.
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