Hama bientôt devant ses juges

Publié le 16 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Le 7 avril, dans sa cellule individuelle de la prison de Koutoukalé, Hama Amadou a accusé le coup. Ses avocats plaidaient la relaxe, mais les magistrats de la commission d’instruction ont décidé de le faire comparaître devant la Haute Cour de justice de Niamey pour détournement présumé de fonds publics.

L’ancien Premier ministre sera donc jugé par un tribunal d’exception composé de sept députés de l’Assemblée nationale. Quand on sait que la même chambre a voté, en juin 2008, sa mise en accusation à une écrasante majorité (88 voix sur 113), on devine son inquiétude. D’autant qu’il souffre d’hypotension et d’hypoglycémie. Il a dû être hospitalisé pendant trois semaines, en mars.

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Depuis son arrestation, le 26 juin 2008, Hama Amadou crie à la machination politique. A-t-il détourné 100 millions de F CFA en 2001 ? « Jamais », répond l’un de ses avocats, Marc Le Bihan. « À l’époque, c’est le président Tandja, en Conseil des ministres, qui lui a donné instruction de débloquer cette somme au profit de la presse afin de mener une campagne médiatique sur les performances du régime. » Et son avocat de produire tous les justificatifs de dépenses. En fait, il n’a convaincu les juges qu’à moitié. Le montant incriminé est ramené de 100 millions à 39 millions de F CFA. Mais la loi nigérienne est sévère. Pour le détournement de telles sommes, la peine encourue va de vingt à trente ans de prison. Bref, à 59 ans, Hama risque la réclusion à perpétuité pour 59 000 euros…

À la question : « Y a-t-il un règlement de comptes politique derrière tout cela ? », un ministre nigérien glisse, avec un petit sourire : « No Comment ». La politique, tout est là. Mamadou Tandja et Hama Amadou se sont rencontrés il y a trente ans dans l’antichambre du pouvoir. Jusqu’en 2007, leur association a bien fonctionné. « Ils n’étaient pas amis mais avaient besoin l’un de l’autre », raconte un proche. Et le jour de janvier 2000 où Tandja l’a nommé à la primature, Hama a confié : « Si je n’étais pas là, ce ne serait pas bien pour le pays. » Allusion au partage du pouvoir entre l’officier et le chef de parti, entre l’homme de l’est du pays et celui de l’ouest.

Tout laisse à penser que c’est l’approche de la présidentielle de novembre 2009 qui a provoqué la rupture. Un jour, le président Tandja a lâché : « De toute façon, il n’y a personne qui soit capable de me remplacer. » D’où son envie de réformer la Constitution pour solliciter un troisième mandat. Or l’ex-Premier ministre pensait que son tour était arrivé…

Tandja pourra-t-il se représenter ? En tout cas, de l’avis général, à Niamey, il fera l’impossible pour écarter Hama de la présidentielle.

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