John Hope Franklin

Premier Africain-Américain à obtenir un doctorat d’histoire à Harvard, ce militant des droits civiques est mort le 25 mars.

Publié le 8 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Enfant, John Hope Franklin, décédé le 25 mars à l’âge de 94 ans à Durham, en Caroline du Nord, répondait à quiconque s’intéressait à son avenir qu’il serait le premier Noir président des États-Unis. Juste pour rire. Mais il est parti le cœur léger après avoir vu Barack Obama, qu’il avait soutenu, devenir le premier Noir à occuper la Maison Blanche. Toute sa vie, John Hope Franklin s’est battu pour que l’histoire des Africains-Américains, marquée par l’esclavage et le racisme, fasse partie intégrante de l’histoire des États-Unis. Avec, en corollaire, un effort des Blancs pour accepter le poids très lourd du passé. Un passé qui ne doit pas servir d’excuse aux Noirs mais d’éclairage sur leur condition et qui ait une influence positive sur l’action politique.

L’historien se moquait de ces pardons sans repentir des bonnes consciences qui, tout en regrettant l’institution de l’esclavage, ne s’arrêtent pas sur l’essentiel : l’apport des esclaves à la construction de la nation. « Qu’est-ce que cela leur coûte de demander pardon ? Rien », avait-il coutume de dire. Il s’est également battu pour la reconnaissance des droits civiques et la fin de la ségrégation institutionnalisée dont les séquelles sont toujours visibles au sein de la société américaine.

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Petit-fils d’un esclave affranchi, John Hope Franklin est né en janvier 1915 à Rientsville, une ville majoritairement noire, d’un père avocat et d’une mère institutrice. S’il voit le jour dans l’État de l’Oklahoma, c’est tout simplement parce que son père ne pouvait pas exercer son métier en Louisiane. La ségrégation le lui interdisait. Dans les années 1920, la famille s’établit à Tulsa. Les parents de Franklin, en dépit d’un environnement hostile, ne cessent d’apprendre à leur progéniture à vivre sans complexe et avec la certitude d’être aussi bons que n’importe qui. La leçon est si bien retenue que John Hope Franklin, qui se voit fermer les portes de l’université de l’Oklahoma, s’inscrit à l’université Fisk de Nashville, réservée aux Noirs.

Après sa licence en 1935, il gagne la très blanche université Harvard. En 1941, il est alors le premier Noir à en sortir avec un doctorat en histoire. En 1947, il publie From Slavery to Freedom : a History of Negro Americans (« De l’esclavage à la liberté : une histoire des Africains-Américains »). Ce sera un best-seller et un classique plusieurs fois réédité, dont les ventes atteignent à ce jour 3,5 millions d’exemplaires.

Brillant professeur pendant une soixantaine d’années, il fut le premier Noir à occuper des fonctions jusque-là réservées aux Blancs dans les institutions universitaires. Militant des droits civiques, il a été aux côtés d’hommes aussi célèbres que W.E.B. DuBois, l’un des pères du panafricanisme, Thurgood Marshall, connu pour son rôle dans la reconnaissance de la mixité raciale dans les écoles, et Martin Luther King. Très honoré de son vivant, Franklin a même reçu, en 1995, des mains de Bill Clinton la plus prestigieuse des distinctions américaines : la Presidential Medal of Freedom.

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