Khaled plus libre que jamais

Après les succès en France dans les années 1990, et un temps de retrait, Khaled signe son grand retour. Et Faudel prépare le sien.

Publié le 8 avril 2009 Lecture : 3 minutes.

Le King du raï est de retour ! Après cinq ans d’absence et un passage à vide marqué par de sombres histoires de violences conjugales, Cheb Khaled revient avec Liberté (chez Az), le sens même du raï (« erraï » en arabe signifie « opinion », « liberté »). Un album qui lui permet de boucler la boucle du retour aux sources, entamé il y a cinq ans avec Ya-Rayi (produit par Don Was).

Et loué soit Martin Meissonnier, qui y a mis sa patte, plus de vingt ans après Kutché enregistré en 1988 avec Safy Boutella. « Je lui avais apporté une maquette avec trente-six chansons, raconte Khaled, rigolard. Il a tout mis à la poubelle et m’a dit d’aller en chercher d’autres, de renouer avec les racines du raï. » Celui qui est allé le chercher en Algérie, en 1984, alors que ses cassettes importées inondaient Barbès, fait confiance à son savoir musical encyclopédique.

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Retour donc aux monstres sacrés des années 1960 et 1970 : Ahmed Wahby, Rabah Driassa, Cheb el-Hindi, Blaoui el-Houari (« Ya Bouya Kirani » et « Zabana », du nom du premier condamné à mort oranais exécuté à Oran en 1957)… Au total douze morceaux, tous des reprises en arabe, exception faite de « Papa », hommage à la figure paternelle et chanté en français.

Meissonnier bannit boîtes à rythmes, synthétiseurs saturés et autres machines. Place aux musiciens, tous anciens compagnons de scène de Khaled (plus de trente ans pour le violoniste), avec lesquels il n’avait pourtant jamais enregistré. Et place au oud, à la flûte ney, au gumbri gnawa (Aziz Sahmaoui, ancien musicien de l’Orchestre national de Barbès), en sus des guitares, claviers, basse et accordéon (l’instrument fétiche de Khaled), pour un enregistrement dans les conditions du direct. « Martin m’a dit que je n’étais jamais meilleur que sur scène », explique Khaled. Ce que confirme l’intéressé : « Lors des enregistrements studio, son timbre ressort étouffé. Son charisme, aussi. » Sur Liberté, la voix de Khaled est incroyable de puissance et de modulations retrouvées.

Imaginez : deux minutes et quarante et une secondes de prélude vocal (mawwal), dans la plus pure tradition des improvisations. Un format auquel les grandes maisons de disques, souvent accusées de formatage nécrophage, ne nous ont pas habitués. Là aussi, c’est Martin Meissonnier qui a insisté. « J’avais peur que ça ne passe pas auprès de mon public européen », reconnaît Khaled. Du coup, la poire a été coupée en deux : les préludes (cinq au total) ont été enregistrés à part, en plus des morceaux. Khaled plaisante, inquiet tout de même : « Comment chanter en PBO [play-back orchestre, où seule la voix est en live] sur un plateau télé, lorsque le couplet est composé de mesures différentes ? » Un sacré pari.

À l’écoute de Liberté, « on sent que Khaled kiffe ». La confidence est de Faudel, qui parle du « patriarche ». Celui que l’on surnommait le Petit Prince du raï à la fin des années 1990, devenu renégat des scènes françaises après son soutien à Sarkozy, en 2007, revient de loin. Une descente aux enfers pas seulement musicale. Mais, une tournée réussie au Moyen-Orient et une autobiographie plus tard, voilà Faudel requinqué, qui s’apprête à sortir un nouvel album, le 20 septembre prochain.

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Comme Khaled, il est retourné à ses classiques. « Rabah Mezouane et Bouziane Daoudi m’ont beaucoup aidé pour retrouver les paroles originales », souligne Faudel, qui brandit ces deux références de la critique musicale comme un label d’authenticité. Sans oublier ses musiciens, qu’il cite pêle-mêle : « Mehdi Askeur, ex-ONB, Mejdoub au violon, Hakim au mando-luth, Djaafar le trompettiste, Rabah Khalfa… Ils m’ont porté. Le projet a pris forme grâce à eux. »

Résultat : douze morceaux, dont « Zine Ya’tak Allah » du juif marocain Pinahz Cohen, « Baïda mon amour » de feu Hasni, chantre du raï sentimental (assassiné par des terroristes islamistes en 1994), « Dana Dana » rendu célèbre par le couple Sahraoui et Fadela… « Bambino » qu’ont chanté Lili Boniche et Dalida, ou une version orientale du tube français « Le jour s’est levé » du groupe rock Téléphone (le seul en français de tout l’album) s’avèrent plus inattendus. Le 20 juin, veille de la Fête de la musique, le jeune trentenaire rodera son nouvel album sur la scène de l’Institut du monde arabe à Paris. Faudel (ou sa maison de disques) n’a toujours pas décidé du nom de l’album. Il a bien songé un temps à le baptiser « Back to the raï »… 

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