Malaise dans les cabinets d’architecture

Peu soutenus par les autorités en Afrique subsaharienne francophone, les professionnels ont du mal à s’imposer face à la concurrence internationale.

Publié le 7 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Plusieurs centaines d’architectes exercent tant bien que mal leur profession en Afrique subsaharienne francophone, à l’ombre de grands noms comme ceux de Pierre Goudiaby Atepa, aussi connu à l’international que dans son pays, le Sénégal, ou Olivier-Clément Cacoub, aujourd’hui décédé et auteur de plusieurs édifices publics en France et en Afrique (Carthage, Yaoundé, Yamoussoukro…). Ce n’est pas réellement le manque de projets qui est la principale source de problèmes mais plutôt le contexte réglementaire. « Dans mon pays, plus de 60 % des constructions sont anarchiques et réalisées sans architecte, constate Alain Koala, patron du jeune cabinet d’architecture AABC et président de l’Ordre des architectes du Burkina. Évidemment, cela a lieu surtout dans le privé et pas seulement pour de petits logements. Des immeubles sont parfois concernés. » La situation est telle qu’après deux décennies d’activité, Ramatoulaye Diagne Sall Sao, la très médiatique architecte sénégalaise, envisage aujourd’hui de se reconvertir. « J’ai construit des maisons, une mairie, une usine de raffinage de sel, des bureaux et, plus récemment, l’institut Diambars [une école de sports-études, NDLR], explique la dirigeante du cabinet Architectonic. Malgré cela, je ne vois plus de challenge. »

En cause, l’attitude passive, pour ne pas dire complice, des autorités. Certaines administrations ne se gênent pas pour écarter la présence d’architectes, soit en ne prévoyant pas d’honoraires pour eux, soit en limitant la taille des projets, soit en « oubliant » de faire des appels d’offres, se plaignent les professionnels. « Les grands projets sont souvent confiés à des structures étrangères qui ne partagent pas leurs honoraires avec des cabinets locaux, souligne Jean-Jacques Kotto, président sortant de l’Union des architectes d’Afrique. Alors que la réglementation l’impose. Et si cela commence à être respecté dans les faits, cela ne l’a pas été pendant longtemps. » Voilà comment la plupart des architectes africains ont été exclus des projets africains les plus importants. « De plus, il y a comme une mode qui fait que l’on préfère choisir des architectes étrangers plutôt que des locaux, s’indigne un architecte sénégalais. C’est d’autant plus irritant que les architectes locaux ont souvent été formés à l’étranger. »

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Depuis la disparition, en 1991, de l’École d’architecture et d’urbanisme de Dakar, il n’existe plus qu’une seule école d’architecture dans la zone franc. Basée au Togo, l’École africaine des métiers de l’architecture et de l’urbanisme (EAMAU) ne forme cependant qu’une trentaine d’architectes par an, alors que les besoins sont beaucoup plus importants. Résultat : la plupart des architectes africains ont été formés en Europe ou aux États-Unis. Et la zone compte deux fois moins d’architectes que le Maroc… Une carence à laquelle Jean-Jacques Kotto entend s’attaquer dès la rentrée prochaine, date à laquelle ouvrira l’École supérieure spéciale d’architecture du Cameroun. Cette structure privée qu’il a initiée avec le soutien de l’Union internationale des architectes multipliera par dix, espère-t-il, l’offre de formation en Afrique subsaharienne francophone.

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