L’allemand Eon mise sur Malabo
Le numéro un allemand de l’énergie, Eon, prend la tête d’un consortium européen pour trouver de nouvelles réserves de gaz en partenariat avec Sonagaz et l’État.
Avec une poignée d’autres compagnies européennes, le géant du gaz Eon, le numéro un allemand de l’énergie (69 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2008 pour un bénéfice net de 5,6 milliards), fait une irruption remarquée en Guinée équatoriale et devient par là même un sérieux concurrent pour les sociétés américaines dans la course à la sécurisation des approvisionnements énergétiques en Afrique.
Dans ce pays, les Européens ont été longtemps totalement écartés de l’exploitation gazière, alors qu’à l’inverse ExxonMobil et les majors américaines n’ont cessé de travailler au cours de la dernière décennie pour faire de l’ancienne colonie espagnole l’un des principaux exportateurs de pétrole et de gaz naturel liquéfié de la sous-région.
Mais les menaces liées à la diminution des réserves en Europe, tout comme les risques d’une trop forte dépendance vis-à-vis de la Russie, poussent les sociétés européennes à avancer leurs pions dans le riche golfe de Guinée. Associé à l’espagnol Union Fenosa et au portugais Galp Energia, Eon a signé un accord avec l’État de la Guinée équatoriale pour permettre à ce pays d’identifier de nouvelles réserves et d’accroître sa production. La compagnie allemande a également accepté de travailler avec la société publique Sonagaz pour construire un réseau de gazoducs ainsi que des trains de transformation de GNL. Objectif ? Faire de l’île de Bioko un hub de référence pour l’exportation de gaz en Afrique de l’Ouest.
En contrepartie, les compagnies européennes attendent de l’ancienne colonie espagnole, dirigée depuis trente ans par le président Teodoro Obiang Nguema, qu’elle leur garantisse la sécurité de leurs approvisionnements dans le temps. « Si nous voulons maintenir notre portefeuille de production sur le long terme, nous devons nous assurer de nouvelles sources d’approvisionnement », a justifié Dietrich Gerstein, le responsable de la filière gaz liquéfié (GNL) chez Eon, lors d’une conférence organisée, fin mars, à Malabo, la capitale équato-guinéenne. Présent à cette conférence, le vice-ministre chargé du pétrole, des mines et de l’énergie, Gabriel Obiang Lima, l’un des fils du chef de l’État, a estimé pour sa part que les Européens sont la garantie de nouveaux marchés pour le pays. « Le plus difficile est de trouver les consommateurs », a-t-il précisé.
Eon détiendra 25 % d’un futur consortium dénommé « 3G » dans lequel l’espagnol Union Fenosa et le portugais Galp Energia auront chacun 5 %. La Sonagaz, de son côté, disposera de 50 % du capital. Et les 15 % restants seront confiés aux autorités équato-guinéennes avec la possibilité d’être revendus.
Selon le gouvernement, le consortium s’est également engagé à construire un nouveau terminal de transport et d’exportation du GNL le long de l’unique terminal situé sur le site de Punta Europa et construit par le texan Marathon Oil. Ce dernier peut actuellement traiter jusqu’à 3,7 millions de tonnes par an.
Même si, selon certains analystes, des interrogations demeurent quant à la quantité exacte de ressources en gaz que renfermerait le sous-sol du pays, les ambitions des compagnies européennes sur le gaz équato-guinéen mettent déjà les concurrents sur la brèche. Les responsables de l’américain Marathon Oil, qui a chargé ses premières cargaisons de GNL en mai 2008, se considèrent comme les mieux placés pour accroître les capacités du pays. Et de son côté, ExxonMobil serait d’ailleurs contraint de vendre une partie du gaz torché sur le champ Zafiro pour approvisionner le futur terminal.
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