Désaccord migratoire

Pour sa première tournée africaine, le ministre français de l’Immigration a fait escale à Bamako. Sans parvenir pour autant à conclure un accord avec les autorités.

Publié le 7 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

C’est tout sourires que le président Amadou Toumani Touré (ATT) est apparu sur le perron du palais de Koulouba, le 28 mars, après sa rencontre avec le ministre français de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire. Éric Besson, en fonctions depuis le 15 janvier, terminait là sa première tournée africaine après un passage éclair par le Sénégal et le Cap-Vert, avec qui la France a déjà signé des accords sur les flux migratoires. Il a donc choisi de garder le plus dur pour la fin si l’on en juge par la réticence que le gouvernement malien affiche depuis près de deux ans à l’égard des protocoles d’accord proposés par Paris.

Du côté français, la signature d’un accord avec le Mali est prioritaire. Les Maliens de France seraient 120 000, dont un tiers seulement en situation régulière. Et c’est justement sur les régularisations de sans-papiers et sur la « réadmission », c’est-à-dire le renvoi des clandestins dans leur pays, qu’achoppent les négociations. Selon un membre du cabinet d’Éric Besson, le Mali exigerait pas moins de 4 000 régularisations par an quand la France n’en propose que 1 500. Lorsqu’on demande à ATT s’il désire des régularisations massives, il répond : « Si on me les donnait, je ne les refuserais pas. »

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Au moment même où Éric Besson atterrissait à Bamako, le 27 mars, deux sans-papiers expulsés de France étaient débarqués d’un vol de la compagnie Aigle Azur. « C’est notre lot quotidien », affirme Ousmane Diarra, président de l’Association malienne des expulsés, qui a accueilli les deux hommes dans ses locaux. « En 2008, 478 Maliens ont été expulsés de France, poursuit-il. Si l’accord est signé, quelle en sera la limite ? »

L’opinion publique malienne, franchement hostile à l’accord, reste très dépendante des transferts d’argent des migrants, qui atteignent 200 millions d’euros par an, soit 10 % du PIB. « La migration au Mali est un problème culturel et économique », a rappelé ATT, tout en expliquant qu’il restait « à l’écoute des Maliens d’ici et de France ». Une attitude à rebours de celle des autorités sénégalaises et cap-verdiennes, qui ont clairement exprimé leur convergence de vues avec la France et se sont montrées très coopératives sur l’expulsion de leurs ressortissants clandestins.

La position malienne semble donc inchangée. « La France a des intérêts, le Mali aussi », a martelé le chef de l’État, tout en reconnaissant que des progrès avaient été accomplis côté français. Le discours d’Éric Besson, plus centré sur les projets de développement solidaire, a-t-il porté ses fruits ? Le nouveau cycle de négociations qui s’ouvre le dira. Mais le contexte de crise économique pourrait compliquer un peu plus les choses. Et réduire à la portion congrue le nombre de visas de travail accordés par la France.

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