Morou Ouattara, alias Atchiengué
Commandant de la zone 1 des Forces nouvelles à Bouna
Jeune Afrique : Comment voyez-vous la sortie de crise et votre reconversion ?
Morou Ouattara alias Atchiengué : Que les Ivoiriens soient rassurés : nous sommes décidés à ramener la paix. La priorité est de relever le pays, qui est à genoux après plus de six années de crise. Pour moi, cette guerre doit être perçue comme une punition divine dont nous avons été le bras armé. C’est aussi un message avant la naissance d’une vraie nation. Je prépare personnellement ma reconversion. À la fin du processus, je compte me consacrer à plein temps au commerce et à l’agriculture, notamment à l’élevage et à la riziculture. Parmi nous, aucun n’envisage de faire carrière dans l’armée. Certains pensent néanmoins à s’impliquer dans la politique au niveau de leur ville ou de leur village.
On vous accuse de retarder le redéploiement de l’administration…
Personne ne veut bloquer le processus. On a bien compris que la paix passe par la fin des « comzones ». Je me suis autoproclamé gardien des accords politiques de Ouagadougou : celui qui s’amuse à vouloir attaquer ou paralyser leur application me trouvera sur son chemin. Dans ce cadre, nous allons regrouper nos hommes et stocker les armes. Nous allons également remettre les clés de nos zones aux préfets, mais pas à n’importe quel prix. Le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, souhaite passer en force. Pourquoi veut-il nous brusquer ? Il faut que les choses se passent en douceur. Quant au désarmement définitif, il sera réalisé par le président de la République issu de la prochaine élection. C’est lui qui indiquera la marche à suivre.
Quel est l’état des relations entre les comzones et le Premier ministre ?
On a connu des périodes difficiles, mais nous avons toujours su préserver notre cohésion. Nous n’avons pas de problème avec le Premier ministre. Il n’y a ni pro-Guillaume ni anti-Soro. Ce dernier ne manifeste, pour sa part, aucune préférence entre nous. Méfiez-vous des rumeurs ! On a prétendu récemment que je me rendais à Bouaké pour remplacer le commandant Chérif Ousmane, qui était à l’étranger pour se soigner. C’est faux : j’y étais pour régler les questions de sécurité, ce qui est normal vu que nous y avons encore notre quartier général.
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