L’érotisme dans le texte

Publié le 6 avril 2009 Lecture : 1 minute.

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Les musulmans et le sexe

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Des prêches religieux à la littérature, l’érotisme n’a jamais été absent de l’histoire des Arabes. Si la sexualité est seulement autorisée dans le strict cadre d’un contrat légal, le fait d’en parler librement fut longtemps admis, selon le précepte « la haya’ fi-ddin » (« pas de honte en religion »). L’érotologie était donc une matière prisée par les théologiens et portait sur la vie intime des croyants. La sexualité était enseignée dans les mosquées dans le cadre de « cours publics de sexualité ». Les manuels sur l’acte amoureux foisonnaient. Les traités de science, de droit et de médecine abordaient également cette question sans complexe, et un certain Avicenne, auteur de L’Épître du désir, encourageait à soigner par l’amour.

Mais c’est surtout dans la littérature qu’on trouvera les textes les plus libertins. Du Jardin amoureux du Damascène Ibn Qayyim al-Jawziyya au Jardin parfumé du Tunisien Nafzaoui, des contes des Mille et Une Nuits aux anecdotes irrévérencieuses d’Abou Nawas, en passant par les recettes amoureuses de l’Égyptien Tifachi, tout un corpus littéraire s’ingéniait à décrire les positions, les recettes et les amulettes censées faire jouir le croyant.

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Aujourd’hui, on a expurgé les scènes jugées érotiques des Mille et Une Nuits et jeté l’opprobre sur ceux qui entendent, malgré tout, écrire dans la même veine jubilatoire que leurs ancêtres. Parler de sexe est devenu la chasse gardée des prêcheurs cathodiques, qui ont réduit l’amour à une panoplie de consignes à travers lesquelles l’érotisme a laissé place à la pudibonderie, la parole licencieuse à la fatwa. La sociologue marocaine Fatema Mernissi, qui vient de publier L’Amour dans les pays musulmans (Albin Michel), les appelle les « imams numériques ».

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