La Chine contre le dollar

Publié le 6 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

En appelant de ses vœux l’adoption d’une « monnaie internationale stable », Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la Banque centrale de Chine, a lancé, le 23 mars, un pavé dans la mare. Voici le roi dollar contesté, lui qui constitue l’essentiel des réserves des Banques centrales, domine le marché du pétrole ou la vente des Airbus, et dont la suprématie est acceptée jusque dans les pays en déshérence.

Certes, la proposition de Zhou – confier le rôle de « monnaie de réserve suprasouveraine » aux droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI) – n’ira pas loin. Les États-Unis ne veulent pas en entendre parler, les Européens bottent en touche et, au FMI, on qualifie l’idée de « sérieuse », mais « à long terme ».

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Pourtant, Zhou a fait mouche. À triple titre. D’abord, en osant dire tout haut ce que les autres pensent tout bas depuis que le général de Gaulle n’est plus là pour dénoncer un système monétaire d’étalon-dollar qui permet aux États-Unis de « s’endetter gratuitement vis-à-vis de l’étranger » et de désorganiser l’économie des autres pays.

Ensuite, en soulignant le principal défaut du sommet du G20, présenté par Nicolas Sarkozy comme un nouveau Bretton Woods, alors qu’à cette conférence, en 1944, il avait surtout été question de refonder le système monétaire, un sujet à peine évoqué à Londres.

Enfin, Zhou rend à l’administration Obama la monnaie de sa pièce. En janvier, Tim Geithner, le secrétaire américain au Trésor, avait accusé les Chinois de manipuler leur monnaie, le yuan, en maintenant son cours artificiellement bas pour vendre leurs produits à des prix défiant toute concurrence. En doutant ouvertement de la solidité du dollar, Zhou riposte sèchement. On est loin du temps où un secrétaire au Trésor du président Nixon pouvait lancer à la cantonade : « Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème. » D’autant que resurgit une autre idée gaullienne : l’étalon-or. L’or, disait le général en 1964, « ne change pas de nature, se met indifféremment en barres, en lingots ou en pièces, n’a pas de nationalité ».

Tout à son désir de rapprochement avec Washington, Sarkozy a cédé à la Chine l’honneur de s’opposer à l’imperium monétaire américain. C’est désormais au tour de Pékin à qui le président russe, Dmitri Medvedev, emboîte le pas – de fustiger, au nom de la communauté internationale, la crise déclenchée par les excès de l’Amérique. Commis en toute impunité et pendant des décennies… grâce au dollar.

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