Arezki Mellal, l’écriture pour panacée

Devenu romancier et dramaturge afin de guérir de la violence des années 1990, l’Algérien signe une œuvre engagée.

Publié le 1 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Longtemps, l’Algérien Arezki Mellal, 60 ans, s’est caché derrière les différents métiers du livre qu’il a exercés : graphiste, maquettiste, éditeur de livres d’art… il n’est venu que tardivement à l’écriture. « J’aurais pu ne jamais écrire, dit-il avant de se reprendre. Non, j’ai toujours écrit, mais j’aurais pu ne jamais publier… Je crois que c’est la situation qui m’a décidé à aller plus loin. C’est terrible : la littérature demande parfois de plonger dans l’horreur, dans l’indicible. »

L’horreur, c’est celle de la décennie rouge – les années 1990 – qui a vu plus de 150 000 Algériens mourir assassinés par des fanatiques religieux. Au lendemain de la suspension du processus électoral qui aurait conduit le FIS au pouvoir à Alger, le pays entre dans une longue phase de guerre civile. Écartés du pouvoir, les islamistes imposent leur loi, semant la panique et la terreur. Les intellectuels francophones, les non-croyants, les femmes qui refusent de porter le voile seront les principales victimes.

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C’est un sentiment de révolte contre la barbarie qui pousse Arezki Mellal (un pseudonyme) à sortir du silence. Né à Alger en 1949, il publie à 51 ans un très beau premier roman sur une époque maudite, Maintenant ils peuvent venir (édition Barzach, 2000 ; Actes-Sud, 2002). Le livre raconte l’errance d’un homme à travers son pays transformé en « capitale de la douleur ».

Double de l’auteur, le personnage principal voit la violence éclabousser ses proches. Des menaces planent sur sa propre vie, mais il refuse de céder aux diktats des barbus. Il pourrait traverser la mer, émigrer, mais « partir c’est mourir plus qu’un peu ». Arezki Mellal, qui lui non plus n’a pas voulu faire le choix de l’exil et vit à Alger, ne dit pas autre chose : « Je crois que quitter l’Algérie, pour moi, ce n’est pas émigrer, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’exil. Et dans l’exil, on n’est rien. »

De culture française, l’homme reste profondément attaché à ses racines méditerranéennes. Son roman est une célébration de cette méditerranéité dont « Alger est la dernière parure », écrit-il. C’est une écriture poétique, impressionniste, jaillie de la souffrance. Son œuvre, qui se partage entre la fiction (un roman et des nouvelles) et le théâtre (La Délégation officielle, Sisao, En remontant le Niger), est une œuvre de résistance contre la tyrannie, la domination, le racisme (voir encadré). Avec pour seule arme la dérision qui n’épargne ni l’Europe bourgeoise ni les nouveaux maîtres de l’Afrique toujours dominée.

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