A l’heure du bilan

Avec moins de 5 millions d’habitants, le Liban ne réunit qu’une toute petite partie des 200 millions de locuteurs du français à travers le monde. Il n’en occupe pas moins une place de choix dans l’agenda des responsables de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). C’est à Beyrouth qu’Abdou Diouf, son secrétaire général, a choisi de célébrer, le 20 mars, la Journée internationale de la Francophonie.

Certes, les préparatifs des VIes jeux de la Francophonie (27 septembre-6 octobre) étaient au cœur de la visite de l’ancien président sénégalais. Dans un pays ayant connu les accès de violence que l’on sait, on est en droit de s’interroger sur la sécurité d’une manifestation associant sport et culture et à laquelle une cinquantaine de pays devraient participer.

Mais Abdou Diouf est de ceux qui plaident pour un rôle politique accru de l’OIF. En se rendant au Liban, il a souhaité apporter le soutien de son organisation au processus de réconciliation nationale. Il a d’ailleurs rencontré aussi bien le chef de l’État, Michel Sleimane, que le Premier ministre Fouad Siniora, et le président du Parlement, Nabih Berri. Des législatives cruciales pour l’avenir du pays auront lieu le 7 juin. L’OIF est disposée à envoyer sur place des observateurs, si les autorités en font la demande.

On estime que près de 40 % des Libanais sont capables de s’exprimer plus ou moins bien en français. Même si cette langue y est, comme un peu partout dans le monde, en recul au profit de l’anglais, le Liban reste son principal point d’ancrage dans la région. D’autant qu’elle n’est plus l’apanage des chrétiens. Les jeunes étant scolarisés à plus de 90 %, elle est parlée dans toutes les communautés, y compris chez les chiites, majoritaires dans la population. Elle coexiste harmonieusement avec l’arabe, de même qu’avec l’anglais, chaque langue ayant son domaine et sa raison d’être. Sur ce plan, comme sur celui de la cohabitation entre confessions, le Liban peut servir d’exemple pour la diversité culturelle que défend activement la Francophonie.