Le monsieur Afrique d’Obama

Le nouveau secrétaire d’Etat adjoint est un grand spécialiste du continent depuis près de quarante ans.

Publié le 1 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

« Le président Museveni ignore les sous-entendus et les insultes venant de personnes telles que M. Carson, comme il a autrefois ignoré ceux qui, dépourvus de vision, le traitaient de vagabond parce qu’il avait quitté le pays […] pour résister à la terreur d’Idi Amin Dada. » En mai 2005, Janet Museveni, la première dame d’Ouganda, avait pris la plume pour défendre son mari, qui envisageait de modifier la Constitution pour pouvoir se présenter de nouveau à la présidentielle. La cause de son ire ? Un article signé d’un ancien ambassadeur américain en Ouganda, Johnnie Carson (65 ans). Dans le Boston Globe, le diplomate ne mâchait en effet pas ses mots à propos de Yoweri Museveni. « Sa soif de pouvoir et sa quête controversée d’un troisième mandat risque de renvoyer l’Ouganda à son passé dictatorial », écrivait-il.

Le 20 mars dernier, alors que ce même Museveni pense déjà à la présidentielle de 2011 et qu’il vient de nommer sa femme ministre d’État pour la région du Karamoja, le président Obama a choisi l’Africain-Américain Johnnie Carson pour remplacer Jendayi Frazer au poste de secrétaire d’État adjoint chargé des Affaires africaines.

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Originaire de Chicago et père de trois enfants, l’intéressé, qui arbore un immuable collier de barbe blanche, est un bon connaisseur du continent, qu’il a arpenté de long en large au gré de ses affectations. Diplômé d’histoire et de sciences politiques de la Drake University, formé aux relations internationales à l’École des études orientales et africaines de l’université de Londres, il a mis pour la première fois le pied en Afrique en 1965, comme volontaire dans les Peace Corps en Tanzanie, et ne l’a pour ainsi dire pas quittée depuis.

Entré au département d’État à la fin des années 1960, il a été en poste au Nigeria, au Mozambique, au Botswana, ainsi que dans différents services de renseignements liés à l’Afrique. Il a ensuite occupé trois postes d’ambassadeur : en Ouganda (1991-1994), au Zimbabwe (1995-1997) et au Kenya (1999-2003). Lors de l’intermède entre ces deux dernières affectations, il a été membre du secrétariat du Bureau des affaires africaines. Enfin, depuis 2006, il travaillait au Conseil national du renseignement américain, toujours chargé de ce continent d’élection où il conserve la réputation d’un homme très engagé dans la lutte contre le sida.

Confronté à la recrudescence des coups d’État et à la multiplication des tripatouillages constitutionnels, il est en outre l’héritier de la politique bushienne de « guerre contre le terrorisme ». Sa tâche risque donc de se révéler ardue. D’autant que, fils de Kényan, Obama est très attendu sur sa politique africaine. Dans le Boston Globe du 1er mai 2005, Johnnie Carson écrivait : « L’Ouganda pourrait servir de test à la politique de promotion de la démocratie de l’administration Bush, la question étant de savoir si cette politique s’applique aux grands pays africains. » Johnnie Carson est aujourd’hui l’homme chargé de trouver des réponses à ce genre de questions.

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