La télé-réalité en question

Publié le 31 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Le paysage télévisuel tunisien connaît, depuis le début de mars, sa première grande controverse. Pour faire monter l’audimat, la chaîne commerciale Hannibal, et Cactus Prod, le producteur privé fournisseur de la chaîne publique TV7, ont misé sur la télé-réalité, avec des répliques d’émissions françaises comme Sans aucun doute, dont Cactus Prod a acheté les droits et que Hannibal TV est accusée de plagier. Seulement, au sud de la Méditerranée, le respect des règles de l’État de droit ne prend pas le même sens que dans l’Hexagone. Ainsi, on a vu d’anciens animateurs d’émissions de variétés jouer aux magistrats en s’emparant d’affaires en cours d’examen par la justice ou par le Conseil de l’ordre des avocats. Érigés au rang de stars sur les plateaux de ces émissions, des avocats sont attendus à la sortie du palais de justice pour se voir confier des « affaires ».

Sur fond de rivalités entre chaînes et entre magistrats, les controverses se sont donc rapidement multipliées à propos d’émissions comme Aan Hosni Niya (« De bonne foi »), diffusée par Hannibal TV, ou Al Hak Maak (Le droit est avec toi), produite par Cactus Prod pour TV7. Dans cette dernière, on a pu voir, le 12 mars, une dame accuser son avocat de ne pas lui avoir reversé une forte indemnité obtenue en justice après la mort de son mari dans un accident de la route. Un reportage sur la « traque » de cet avocat jusqu’à son domicile a été diffusé. Le bâtonnier de l’ordre des avocats, Béchir Essid, s’est alors ému de l’impact négatif d’un tel document sur l’image de la profession. Selon lui, la dame avait auparavant déposé une plainte auprès du barreau, qui était en train de l’examiner. Essid estime que les avocats présents à l’émission ont commis une faute en acceptant d’en débattre publiquement dans ce qui lui paraissait être de la « télé-justice ». Désormais, a-t-il décidé, et pour éviter la concurrence déloyale dans la profession, les avocats qui doivent représenter la profession devant un média devront être désignés par le bâtonnier. Tout en soutenant l’action du barreau dans sa défense de la déontologie, le Syndicat national des journalistes a pour sa part mis en garde contre toute mesure ministérielle pouvant limiter la liberté d’expression et de la presse.

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Ce phénomène n’a pas échappé au président Ben Ali, qui, dans son discours du 20 mars lors de la fête de l’Indépendance, s’est élevé contre la focalisation sur les erreurs et les abus, et la recherche systématique du sensationnel. « C’est pourquoi, a-t-il ajouté, nous appelons au respect des règles déontologiques de la profession, de la loi, de l’honneur et de la réputation des personnes, de même qu’à l’observance de l’impératif d’inviolabilité de l’intégrité des institutions et des instances administratives, professionnelles, sociales et judiciaires… »

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