Drôle de jeu américain

Washington multiplie les déclarations contradictoires sur le mandat d’arrêt visant le président soudanais.

Publié le 31 mars 2009 Lecture : 1 minute.

Entre la Cour pénale internationale (CPI) et les États-Unis, les liens sont à géométrie très variable. Le 24 mars, Robert Wood, porte-parole du département d’État, a rappelé que Washington n’avait « pas l’obligation d’arrêter le président El-Béchir, n’étant pas signataire du statut de Rome ». Le diplomate faisait référence au mandat d’arrêt émis par les juges de La Haye, le 4 mars, à l’encontre du chef de l’État soudanais, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour.

Cherchant à éviter que des ressortissants américains, surtout lorsqu’ils sont militaires, soient jugés par d’autres que par eux-mêmes, les États-Unis n’ont jamais accepté de signer le texte fondateur de la CPI, entré en vigueur en 2002. Néanmoins, ils ont toujours affiché leur soutien à l’idée d’une inculpation des dignitaires de Khartoum par la Cour, considérant El-Béchir et sa clique comme des parrains du terrorisme islamiste. Quand, en mars 2005, le Royaume-Uni soumet une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies pour que le cas du Darfour soit déféré au procureur Luis Moreno-Ocampo, Washington s’abstient de voter au lieu de s’opposer, attitude attendue d’un non-signataire du statut de Rome.

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Difficile, donc, de comprendre le revirement du 24 mars. D’autant qu’une semaine auparavant, la secrétaire d’État, Hillary Clinton, imputait à Omar el-Béchir la responsabilité de « chaque mort » au Darfour depuis que, en réaction à l’émission d’un mandat d’arrêt, Khartoum a expulsé treize ONG travaillant dans le pays. Nommé le 18 mars « émissaire pour le Soudan », le général à la retraite Scott Gration y est peut-être pour quelque chose. Connaisseur du continent – il a grandi en RD Congo et parle couramment le swahili –, ce fils de missionnaire sait bien que la manière forte et l’humiliation d’Omar el-Béchir ont pour effet d’accentuer les tensions au Darfour, dont les premières victimes sont précisément celles que la CPI prétend défendre.

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