Ex-Premier ministre aux arrêts

Ancien Premier ministre de Lansana Conté, Ahmed Tidiane Souaré a été arrêté par la junte le 23 mars. Il est mis en cause pour sa gestion de fonds publics.

Publié le 31 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

« Je ne sais pas par rapport à qui, ni par rapport à quoi je dois me défendre. C’est d’ailleurs avec beaucoup d’étonnement et de surprise que je vis mon interpellation car j’ai le sentiment d’avoir servi mon pays. » Le 25 mars, à la mi-journée, c’est un ancien Premier ministre calme et plutôt anxieux qui a répondu aux questions de J.A. Ahmed Tidiane Souaré venait de passer sa deuxième nuit au PM, le centre de détention de la gendarmerie à Conakry, où se trouvent également depuis plusieurs semaines une dizaine de personnalités, dont l’ancien ministre de la Sécurité Mamadou Beau Keïta, accusées d’être impliquées dans le trafic de drogue. « Je suis dans une salle avec plusieurs autres personnes [dont il taira les noms] et rien ne se passe », a-t-il ajouté. Souaré (ministre des Mines de 2005 à 2006 et chef du gouvernement de mai à décembre 2008) et deux anciens ministres des Mines, Ousmane Sylla et Louncény Nabé, ont été arrêtés le 23 mars pour les mêmes raisons, sur ordre du ministre de la Justice, le colonel Siba Lolamou. On leur reproche d’avoir détourné plus de 26 milliards de francs guinéens du Fonds minier (voir J.A. n° 2514). La junte militaire, au pouvoir depuis le 23 décembre 2008, exige le remboursement intégral de la somme. Les fonds destinés à la recherche minière auraient surtout servi à équiper les services administratifs. Si les interpellés reconnaissent leur responsabilité dans la gestion de l’argent, ils ne sont pas pour autant disposés à payer.

Avant d’être enfermé au PM3, l’ex-Premier ministre avait déjà été entendu par le Comité d’audit mis en place par le nouvel homme fort du pays, le capitaine Moussa Dadis Camara, et par l’Office de répression de la délinquance économique et financière (Ordef, créé en 2002 sous Lansana Conté). « C’est à l’issue d’une audition à l’Ordef que j’ai été retenu au PM3. Je ne m’y attendais absolument pas », raconte Souaré, qui n’a pas souhaité commenter les méthodes du Conseil national pour le développement et la démocratie (CNDD). De son côté, l’Ordef, interrogé sur le respect des procédures judiciaires, n’a pas voulu s’exprimer sur ces arrestations estimant que la « justice va suivre son cours ». Au tribunal de première instance de Conakry, on explique que le procureur de la République n’a pas encore été saisi du dossier, mais que cela ne saurait tarder. Quel sort sera réservé à Souaré et à ses deux compagnons ? Difficile de le dire pour l’instant. « Dans cette période d’exception, tout est possible », estime un cadre du précédent gouvernement.

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Le CNDD a promis d’auditer les principaux dossiers traités par tous les anciens Premiers ministres. Tous ne sont pas inquiétés pour autant. Que ce soit par exemple Sidya Touré ou Cellou Dalein Diallo, chacun est prêt à défendre sa gestion. « Je n’ai été interpellé sur aucun dossier et je suis serein », assure le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), dont les détracteurs attendent des explications sur certaines affaires, comme celle de la vente d’Air Guinée.

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