Si j’étais Benoît XVI…

Publié le 31 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Après une tournée africaine riche en émotions, voici venue l’heure des bilans. Si j’étais Benoît XVI, j’en retiendrais quelques leçons pour l’avenir. La première serait de mieux roder ma communication. Être le successeur de saint Pierre ne dispense pas de lire le manuel du bon communicant. Si c’était à refaire, le souverain pontife ne prendrait pas le risque de « tuer » l’essentiel de son discours en suscitant une controverse sur laquelle les médias occidentaux se sont focalisés. Comment faire passer un autre message dans ce concert de protestations ? Le résultat est catastrophique. Et ne fait qu’aggraver l’impopularité de Benoît XVI en Europe.

Si j’étais le pape, je constaterais également l’hiatus saisissant qui s’est révélé entre catholiques d’Occident et catholiques d’Afrique. Il n’existe pas une Église, mais des Églises catholiques, avec des sensibilités et des priorités différentes, sous l’autorité pastorale de l’évêque de Rome. En Europe, l’opinion publique lui dénie le droit de se mêler de santé publique après qu’il eut déclaré qu’« on ne peut résoudre ce fléau en distribuant des préservatifs : au contraire, cela risque d’aggraver le problème ».

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La presse européenne a la dent dure contre son dogmatisme, son peu d’enthousiasme pour le dialogue interreligieux, sa défiance à l’égard des avancées théologiques… Sans doute n’aurait-il pas dû réintégrer les évêques ordonnés par Mgr Lefebvre dans la communauté catholique avec, parmi eux, le négationniste Williamson. Sans doute devrait-on le blâmer pour l’excommunication d’une Brésilienne « coupable » d’avoir fait avorter sa fille de 9 ans, tombée enceinte après un viol. Pourquoi, alors, les médias africains ne se joignent-ils pas à ce lynchage médiatique ? Parce que, pour eux, le pape a fait son job : il a sermonné les puissants. Et si j’étais le pape, je continuerais.

« Vous pouvez transformer ce continent, libérant votre peuple du fléau de l’avidité, de la violence et du désordre, en le conduisant sur les principes indispensables à toute démocratie civile moderne », a-t-il lancé à l’adresse des dirigeants du continent. Enfonçant le clou au moment de quitter l’Angola, il a ajouté que « la principale préoccupation de ceux qui détiennent le pouvoir doit être la juste réalisation des aspirations fondamentales de ceux qui sont le plus dans le besoin ». Au contraire de l’Occident, l’Afrique attend de l’Église qu’elle mène le combat politique pour la démocratie et contre la pauvreté. « Pourquoi ceux qui s’intéressent tant à notre salut lorsqu’il s’agit de préservatifs ne se coalisent-ils pas pour nous délivrer plutôt de la dictature et du sous-développement ? » s’interroge un activiste gabonais. En définitive, tous les messages appelant au retour vers les valeurs qui fondent le christianisme sont les bienvenus dans un continent profondément déstructuré, en quête de sens et d’espoir.

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