D’Escoto le trublion
D’ordinaire, un président de l’Assemblée générale des Nations unies ne provoque guère de remous. Ce n’est pas le cas du 63e d’entre eux, le père Miguel d’Escoto Brockmann, qui occupe cette fonction depuis septembre 2008.
Faisant fi de son devoir de réserve, ce septuagénaire moustachu, au visage rond, a plusieurs fois attiré l’attention par ses déclarations à l’emporte-pièce. La dernière en date ? Une charge virulente contre le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre du président soudanais Omar el-Béchir.
D’Escoto, qui est aussi conseiller pour les affaires étrangères du président nicaraguayen Daniel Ortega, n’a pas usé d’un langage très diplomatique pour qualifier cette décision. Elle renforce, a-t-il dit, « le sentiment que la justice internationale est raciste, car c’est la troisième fois que quelque chose vient de la CPI, et c’est la troisième fois que cela a à voir avec l’Afrique ». Et d’ajouter : « Qui a soulevé le premier la question du génocide ? Bush. Imaginez-vous Al Capone appelant la police pour se plaindre qu’on a volé du lait sur un marché ? » Sans doute oubliait-il au passage que, dans le cas du Darfour, les victimes sont en grande majorité africaines.
D’Escoto, qui fut ministre des Affaires étrangères du Nicaragua à la chute d’Anastasio Somoza, en 1979, s’est aussi fait remarquer en soutenant publiquement le président iranien. À l’en croire, il n’est pas prouvé que Mahmoud Ahmadinejad ait jamais appelé à « rayer Israël de la carte ». Décidément très politiquement incorrect, D’Escoto ne se lasse pas de dénoncer « l’apartheid » dont les Palestiniens sont victimes.
Dans les années 1980, ce prêtre sandiniste s’était distingué en jouant un rôle de premier plan dans le processus de paix « Contadora y Esquipulas », dont l’objectif était de mettre fin aux conflits armés en Amérique centrale. Ironie de l’Histoire, il avait également été l’initiateur de la plainte déposée devant la Cour internationale de justice (CIJ) par le Nicaragua contre les États-Unis pour leur soutien militaire aux Contras, la guérilla antigouvernementale. La CIJ avait tranché en faveur du Nicaragua.
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