Barak, l’alibi de Bibi

Publié le 31 mars 2009 Lecture : 3 minutes.

Après le ralliement du Parti travailliste, Benyamin Netanyahou, le chef du Likoud, peut former son gouvernement avant l’échéance du 3 avril. Il dispose de 66 voix sur les 120 que compte la Knesset. Mais il n’est pas au bout de ses peines. La majorité hétéroclite qu’il a constituée souffre d’une fragilité congénitale. Et les réticences initiales des travaillistes à la rejoindre font douter de sa longévité.

Alors que leur leader, Ehoud Barak, était d’emblée décidé à traiter avec « Bibi » Netanyahou, les travaillistes étaient en effet très loin de soutenir son initiative. L’alliance du Likoud avec Avigdor Lieberman, le chef de l’extrême droite raciste, leur déplaisait. Et ils étaient tentés par une cure d’opposition pour se refaire une santé après leur échec « historique » aux élections du 10 février (treize députés). Sept députés ont même signifié à leur président – par voie d’huissier ! – qu’il n’était pas mandaté pour négocier en leur nom. Il ne s’est pas laissé impressionner.

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L’accord conclu avec Netanyahou est très avantageux. Outre la Défense, Barak a obtenu quatre ministères (Affaires sociales, Agriculture, Commerce et Industrie, plus un ministère sans portefeuille). Mis devant le fait accompli, le Comité central du parti, appelé à débattre sur une éventuelle participation, s’est prononcé sur cet accord, déjà ficelé et alléchant. Et l’a adopté, par 680 voix contre 507.

Que feront les sept récalcitrants ? Bien qu’une scission paraisse exclue, ils entendent mener la vie dure à la majorité… qui ne sera plus majoritaire s’ils font défection. Ce n’est pas par hasard que Bibi s’est empressé d’aller quérir l’appoint d’un petit parti : le Foyer juif (3 sièges).

Livni en embuscade

À la fragilité arithmétique s’ajoute l’incohérence politique. L’accord Barak-Netanyahou reste très vague sur la question cardinale de la paix. Le principe des « deux États » n’est même pas mentionné. Et pour cause : le chef du Likoud n’y a jamais adhéré, et son premier partenaire, Lieberman, milite pour la déportation de tous les Arabes d’Israël. Mieux : tous deux ont conclu un accord, secret celui-là, pour relancer la colonie de Ma’aleh Adoumim. Située entre Jérusalem-Est et Ramallah, elle priverait, si elle voyait le jour, un éventuel État palestinien de toute continuité territoriale. Condamné par les États-Unis, le projet est régulièrement enterré depuis dix ans. Sur les instances de Lieberman, il vient d’être exhumé.

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Au ministère des Affaires étrangères, le leader ultra ne manquera pas de défrayer la chronique. On découvrira peut-être que celui qui fut videur de boîte de nuit n’est décidément ni fréquentable ni sortable. Ses invectives racistes risquent d’accroître l’isolement international d’Israël.

Entre la gauche travailliste et l’extrême droite, Netanyahou aura du mal à mener une politique un tant soit peu cohérente et risque de se trouver face à un redoutable dilemme : l’immobilisme ou l’éclatement de sa majorité. C’est sur l’échec, à ses yeux inévitable, du Likoud que table Tzipi Livni, le leader de Kadima. Vainqueur du dernier scrutin mais ne disposant pas de majorité, elle attend son heure : la chute de Bibi, suivie d’élections anticipées où elle ramasserait la mise.

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Son calcul sera-t-il couronné de succès ? Trop d’impondérables rendent tout pronostic hasardeux. En outre, on a de plus en plus le sentiment que l’avenir du futur gouvernement se joue davantage à Washington qu’à Jérusalem. L’élection de Barack Obama a sensiblement changé la donne. La liberté absolue dont jouissait l’État juif auprès de la Maison Blanche est remise en cause.

Le jour de l’accord entre les travaillistes et le Likoud, le président américain donnait une conférence de presse sur la crise économique. Il n’a répondu qu’à une seule question de politique étrangère. Elle ne portait pas sur l’Irak, l’Afghanistan ou le Pakistan, mais sur le Moyen-Orient. La recherche de la paix sera-t-elle plus facile avec le nouveau gouvernement israélien ? « Non, mais c’est une nécessité. » « Le statu quo est intenable. Il faut faire avancer la solution des deux États », a-t-il ajouté, en insistant sur « la détermination » de son administration.

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