Vital Kamerhe, ou comment tomber pour mieux rebondir
Pourquoi Vital Kamerhe a-t-il démissionné, le 25 mars, « sans débat ni vote » ? Pourquoi s’est-il rendu sans combattre ? Depuis qu’il avait qualifié de « grave » l’entrée de troupes rwandaises dans l’est de la RD Congo, en janvier dernier, le président de l’Assemblée nationale résistait vaillamment aux pressions du président Kabila pour le faire tomber de son perchoir. Clamant haut et fort : « Plus de la moitié des députés sont avec moi. » Du bluff ? Sans doute. Mais le pouvoir n’était pas sûr non plus de faire passer une motion de déchéance contre lui. Le conflit pouvait s’éterniser.
En fait, même s’il ne l’a jamais dit, Kamerhe a vite compris qu’un tel défi au pouvoir pouvait lui coûter cher. Début mars, il a donc mis en place une stratégie pour tomber avec les honneurs.
D’abord, il lui fallait le bon argumentaire. Il l’a trouvé dans l’histoire agitée de son pays. « Je ne serai pas l’homme qui bloque les institutions », a-t-il lâché à la Chambre, le jour de sa démission. « Quand Kasa-Vubu et Lumumba se sont affrontés, en 1960, on a vu le résultat : la montée en puissance de Mobutu. » Kamerhe s’est donc posé en homme politique responsable.
Ensuite, il a cherché la bonne date. Et la visite de Nicolas Sarkozy tombait à pic. Plusieurs dizaines de journalistes de la délégation française ont répercuté l’événement.
Surtout, il a impressionné les Français. « Ah, c’est vous, le brillant président de l’Assemblée ? Oui, je vous ai vu sur France 24 », lui a lancé Sarkozy sur le perron du Palais du peuple, quelques minutes avant de prononcer son discours devant le Parlement congolais. « Merci d’avoir démissionné hier. Vous avez déblayé le terrain pour le discours du président et vous avez agi en homme d’État », a ajouté un conseiller de l’Élysée. N’en jetez plus…
Vital Kamerhe réussira-t-il à transformer une défaite parlementaire en victoire politique ? Pas sûr. Certes, en deux mois, il s’est forgé l’image d’un patriote antirwandais qui peut compter sur l’appui de plusieurs dizaines de députés et sur des bataillons de supporteurs dans le Sud-Kivu, sa région natale. Des marches de soutien ont même eu lieu à Uvira. Mais il lui sera difficile d’exister au centre de l’échiquier politique, comme il le désire, c’est-à-dire à mi-chemin entre Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba. À moins qu’il ne profite précisément du vide politique laissé par l’arrestation de ce dernier, en 2008… Réponse à la présidentielle de 2011.
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