Armageddon

Publié le 31 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Un tee-shirt vaut tous les sondages. Adiv, fabricant de paletots imprimés établi à Tel-Aviv, pourrait en témoigner. Cette PME est en passe de faire fortune en surfant sur la vague de chauvinisme raciste qui s’est emparée de Tsahal – qualifiée il y a peu par le ministre de la Défense Ehoud Barak d’« armée la plus morale du monde » – depuis la très destructrice opération Plomb durci à Gaza. Son créneau : floquer à la demande des slogans sur les tee-shirts que portent les soldats israéliens, leurs copains et leurs petites amies. Adiv en imprime un bon millier par mois et le résultat, consternant, effarant, en dit long sur la fièvre anti-arabe qui a saisi une bonne partie de la société israélienne. Exemple : dessin d’un enfant palestinien dans le collimateur d’un sniper. Légende : « Plus ils sont petits, plus c’est difficile ». Ou encore : dessin d’une jeune femme violée. Légende : « Pas de vierges, pas de kamikazes ». Mais aussi : une Palestinienne enceinte et armée. Ligne de mire sur son ventre arrondi. Légende : « un tir, deux tués » ! Vous en voulez d’autres ? Dessin d’un bébé mort gisant au sol. À ses côtés, sa mère – voilée, évidemment – en pleurs et son nounours désarticulé. Légende : « Elle aurait mieux fait d’utiliser Durex » (célèbre marque de préservatifs). Ou, version soft : « Les mères arabes doivent savoir que le sort de leur enfant est entre mes mains ». Toujours dans la même veine : un vautour sodomisant le chef du Hamas (ou celui du Hezbollah, au choix), au regard duquel la reproduction d’une mosquée en ruines soulignée du slogan « Nous sommes venus, nous avons vu, nous avons détruit » paraît presque anodine.

Au moment où la majorité des Israéliens fait corps avec une armée accusée de crimes de guerre à Gaza, ce casting tout droit sorti d’Armageddon, lieu biblique où se déroula le combat final entre le Bien et le Mal, est révélateur de la perception qu’ont beaucoup de militaires des Palestiniens : des cibles de champ de foire. Il est vrai que l’État hébreu a désormais à sa tête un certain Benyamin Netanyahou, celui dont Carlo Strenger, dans le salutaire quotidien Haaretz, dit qu’il ne fait que « tendre à Israël le miroir de ses propres choix ». Et de ses propres cauchemars…

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