Très très… surprenant

Publié le 31 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Si l’on doit apporter la preuve du génie musical africain, Staff Benda Bilili apparaît comme une évidence. Ce groupe congolais de quatre guitaristes paraplégiques rejoints par des jeunes des faubourgs de Kinshasa est ce qui nous a été donné de plus original à entendre ces dernières années.

La singularité de cette formation kinoise ne réside pas dans le handicap de ses musiciens atteints de poliomyélite et qui signent un premier album au titre évocateur : Très Très Fort. Il tient avant tout à leur feeling et à l’originalité stupéfiante de certains instruments. Car les guitares à six cordes – rien de plus normal – sont appuyées par des instruments de fortune comme cette guitare à une corde baptisée le « satongué », qu’un de ces jeunes âgé de 17 ans a dessiné et fabriqué de ses mains.

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Tendue par un arc à la manière du berimbau brésilien et relié à une boîte de conserve, cette corde est amplifiée électriquement. Sur les onze morceaux, chacune de ses interventions est une prouesse technique. « Ce jeune est entré dans le groupe à l’âge de 12 ans, explique David Beaugier, de Crammed Discs. Il a été formé durant cinq ans pour être en place rythmiquement. » Parce qu’elles ne sont pas toujours justes, ces notes apportent précisément la connotation bluesy perceptible sur tout l’album.

Cheveux ébouriffés, vêtus de guenilles et de tongs, assis sur des nattes ou juchés sur leurs tricycles customisés, les membres de Staff Benda Bilili passent leurs journées à répéter non loin du zoo de Kinshasa. C’est là, en plein air, que Très Très Fort a été enregistré par Vincent Kenis, également producteur de Konono n° 1 et du Kasai Allstars, de manière à coller au plus près de l’identité musicale de ce groupe atypique.

Entre rumba, influences brésiliennes, reggae et un clin d’œil au célèbre « Sex Machine » de James Brown développé sur le morceau « Je t’aime », ce disque est une divine surprise. « Allons voter », une de leur chanson diffusée par Radio Okapi, a fait le tour du pays en 2006, lors des premières élections libres de la République démocratique du Congo, pour inciter les habitants de ce « pays-continent » à se rendre aux urnes.

Cet album devrait légitimement apporter à Staff Benda Bilili la reconnaissance internationale qu’il mérite. Le public français pourra les entendre au festival des Euro­ckéennes, à Belfort du 3 au 5 juillet puis, par la suite, à Paris.

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