Abdelkébir Khatibi

L’écrivain et sociologue marocain est mort, le 16 mars, à l’âge de 71 ans. À la fois romancier, philosophe et critique d’art, il laisse une œuvre inclassable.

Publié le 31 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

« Un génie », « un immense intellectuel » : aucun mot n’est assez fort pour rendre hommage à Abdel­kébir Khatibi, écrivain et sociologue marocain de renommée internationale, décédé le 16 mars à Rabat. Dans la presse, les messages de condoléances et les témoignages d’admiration se sont succédé. On salue l’homme, ouvert et curieux, mais aussi l’intellectuel touche-à-tout qui s’est essayé, toujours avec succès, au roman, à la philosophie ou à la critique d’art.

Né en 1938 à El-Jadida, Abdelkébir Khatibi fait ses classes au collège Sidi-Mohammed de Marrakech. Il poursuit ses études en France, à la Sorbonne, et devient docteur en sociologie. Mais, déjà, c’est la littérature qui le passionne et, en 1969, il soutient brillamment sa thèse sur le roman maghrébin.

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Découvert par le journaliste et éditeur Maurice Nadeau, il publie son premier roman, La Mémoire tatouée, en 1971 et est salué par la critique. Écrivain prolifique, il est l’auteur de plus de 25 ouvrages dont Vomito blanco : le sionisme et la conscience malheureuse (10/18, 1974), L’Art calligraphique arabe (Chêne, 1976), Le Livre du sang (Gallimard, 1979), Maghreb pluriel (Denoël, 1983), Dédicace à l’année qui vient (Fata Morgana, 1986), Un été à Stockholm (Flammarion, 1990).

Abdelkébir Khatibi mène également une brillante carrière académique : professeur à la Faculté de lettres de Rabat, il dirige ensuite l’Institut de sociologie puis l’Institut universitaire de la recherche scientifique. Intellectuel engagé, il est l’un des fondateurs du Syndicat de l’enseignement supérieur.

Évoquant son décès, le célèbre dramaturge Tayeb Saddiki a salué « des écrits qui reflètent la société, ce grand homme de lettres ayant toujours été proche de la réalité marocaine ». Sociologue autant que poète, Khatibi passe, comme l’évoque l’écrivain Tahar Ben Jelloun, pour « un grand observateur de la société ». Curieux de la vie politique mais aussi de l’histoire et de la culture de son pays, il publie en 1996, en collaboration avec le docteur Mohamed Sijelmassi, lui-même décédé, l’ouvrage encyclopédique Civilisation marocaine, qui fait aujourd’hui autorité.

Il s’est également intéressé à la photographie, publiant Le Corps oriental en 2002, à la philosophie, au travers d’entretiens avec Jacques Derrida, et à la psychanalyse, qu’il a explorée lors d’un débat avec le psychanalyste Jacques Hassoun dans Le Même Livre (Éditions de l’éclat, 1985), considéré comme l’une de ses œuvres majeures.

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Abdelkébir Khatibi est assurément un intellectuel inclassable, que la curiosité a poussé vers des horizons divers, et un humaniste dont certaines œuvres sont déjà des classiques de la littérature.

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