De l’électricité dans les décharges

En valorisant les ordures ménagères, une société ivoirienne met en place l’une des premières applications africaines du protocole de Kyoto.

Publié le 31 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Issu du dossier

L’Afrique se met au vert

Sommaire

Utiliser les ordures ménagères pour produire de l’électricité et des engrais organiques, l’idée a séduit la Société ivoirienne de traitement des déchets (Sitrade), qui gère des décharges d’ordures ménagères autour d’Abidjan. Le principe est relativement simple. En se décomposant, les déchets produisent du méthane, un gaz à effet de serre très nocif. Après le CO2 et le fréon, le méthane est la troisième cause du réchauffement de la planète. Sitrade a décidé de le capter au lieu de continuer à le laisser s’échapper dans l’atmosphère et de l’utiliser pour produire de l’électricité. Les déchets décomposés sont ensuite convertis en engrais organiques, du compost pour l’agriculture.

La première unité de traitement sera installée à Adjamé-Bingerville, dans la banlieue d’Abidjan, où se trouve l’une des décharges de la Sitrade. Elle coûtera 6 milliards de F CFA (9,15 millions d’euros) et traitera annuellement 200 000 tonnes de déchets. Il en sortira 34 GWh d’électricité, de quoi éclairer plus de 30 000 foyers, vendus à la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE), qui les redistribuera sur son réseau. L’unité devrait également produire 30 000 tonnes de compost par an. Trois autres décharges de la Sitrade de la banlieue d’Abidjan (Yopougon, Abobo et Koumassi) seront ensuite concernées. Reste l’équation économique : la vente d’électricité et de compost ne couvre pas l’investissement et les coûts de fonctionnement.

la suite après cette publicité

Des équivalents monétaires

La Sitrade a donc sollicité la Convention des Nations unies sur le changement climatique (UNFCCC), qui gère le Mécanisme de développement propre (MDP) lié au protocole de Kyoto. Pour résumer, une entreprise du Nord qui veut réduire ses émissions de gaz à effet de serre va « acheter » à la Sitrade le méthane qu’elle ne rejette pas dans l’atmosphère. Le fruit de cette vente est investi dans le projet. En pratique, la Sitrade doit franchir une à une les étapes permettant à son projet d’être approuvé par l’UNFCCC. Elle obtiendra alors les précieux certificats de réduction d’émission attestant qu’elle contribue bien à la réduction du réchauffement climatique et dans quelle proportion. Le volume de méthane sera alors converti en équivalent monétaire et l’acheteur de « réduction d’émissions de gaz à effet de serre » pourra apporter son financement en échange de certificats de réduction d’émission. Le mécanisme est long et complexe mais il garantit la viabilité financière du projet. Entre-temps, le Fonds africain des biocarburants et des énergies renouvelables (Faber) est venu appuyer la démarche en prenant une participation dans le capital du projet Sitrade.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Dans le même dossier

L’Afrique du Nord tire le marché