Le Botswana perd de son éclat

La chute du marché mondial du diamant remet en cause l’un des modèles de développement du continent.

Publié le 31 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

La crise n’épargne pas le Botswana, longtemps cité en exemple comme l’un des pays pauvres ayant su tirer le meilleur parti de ses ressources minières. « Cela fait trois décennies que ce pays vit principalement des richesses de son sous-sol, déplore Ian Khama, élu président il y a un an. Nous payons les conséquences de cette politique. » L’exportation de diamants représente près d’un tiers du PIB et 80 % de ses recettes d’exportation du pays. Avec pour principal client les États-Unis, qui achetaient jusqu’à présent la moitié de la production mondiale de pierres précieuses. Mais Debswana, qui fournit d’habitude environ un quart du marché mondial, n’a rien vendu en novembre et très peu depuis. La société, coentreprise créée par De Beers et l’État botswanais, a gelé la production de ses quatre mines et commencé à réduire ses effectifs. Premier employeur privé, Debswana compte 6 300 salariés. Il y a trois ans, le Botswana avait lancé un vaste plan industriel visant à améliorer la valeur ajoutée de ses exportations. Seize usines de taille de pierres précieuses avaient ainsi vu le jour, dont sans doute la plus moderne au monde, inaugurée fin janvier par le groupe sud-africain Safdico, qui y emploie 120 personnes. Pour le moment, tous ces établissements fonctionnent à plein.

Le géant minier sud-africain De Beers se refuse à donner des indications chiffrées sur la situation de sa filiale botswanaise, qui représente la moitié de sa production de diamants. Ian Khama indique pour sa part que l’objectif est de réduire de 40 % cette année l’activité des quatre mines, d’où ont été extraits 32,3 millions de carats en 2008. Le budget de l’État sera divisé par deux. Pour maintenir son économie à flot, le Botswana devra puiser dans ses réserves de change, qui s’élèvent à 9,2 milliards de dollars, soit vingt-huit mois d’importations. Il risque même de les épuiser : De Beers ne s’attend pas à une reprise de l’activité avant Noël 2010 « en étant optimiste ». L’avenir est encore plus sombre pour plusieurs voisins du Botswana, dont l’Angola, la Zambie et la RD Congo, tous frappés de plein fouet par la chute des cours du cuivre et d’autres minerais. En Namibie, Namdeb, coentreprise entre De Beers et l’État, a fermé ses portes pour trois mois, le 16 mars, et lancé un plan de départs volontaires portant sur 600 personnes, soit 20 % des effectifs. Namdeb représente 10 % du PIB namibien et 40 % des recettes d’exportations.

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