Kairouan, ma Mecque à moi

Né en 1950 à Dhihibet, dans le Rif kairouanais, l’écrivain a mis Kairouan et sa région au cœur de son inspiration et de son œuvre.

Publié le 30 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Le petit Bédouin que j’étais avait une ville de rêve qui s’appelait Kairouan. Nous habitions dans un des villages alentour et les miens avaient coutume de me raconter cette ville chaque fois qu’ils s’y rendaient pour les commémorations de la naissance du Prophète. Ces récits l’enveloppaient d’une aura de prestige et de beauté, et enflammaient mon imagination. Kairouan m’apparaissait alors comme un lieu magique, la cité du Bien, de la Providence et du Sacré. Pas moins. Elle était ma Mecque à moi.

J’avais 15 ans quand ma mère fit un étrange rêve, qu’elle raconta des semaines durant. Elle disait qu’un oiseau au plumage vert et au bec rouge l’avait prise sur ses ailes et avait survolé la ville de Kairouan jusqu’à la tombe de Abou Zama el-Balaoui, le compagnon du Prophète. Chaque fois, elle interrompait son récit pour me regarder et dire, en souriant : « Puisses-tu être l’oiseau qui m’emmènera un jour à Kairouan ! » De fait, c’est à dix ans que je visitai pour la première fois la cité, à l’occasion de la fête du Mouled [l’anniversaire de la naissance du Prophète]. Je me souviens que j’en étais revenu émerveillé car je l’avais trouvée plus belle et plus imposante que dans mes rêves. Je fus pris de passion pour elle et m’évertuai à la découvrir à travers les livres anciens, les documents d’histoire, les mythes et les fictions tissés autour d’elle, tant de récits qui allaient nourrir mes romans et dans lesquels mon imaginaire puisera sans fin.

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Plus tard, partout où mes yeux se sont ouverts sur les paysages du monde, Kairouan fut présente. Elle était là, avec ses souks et sa Grande Mosquée, les mausolées de ses saints et son célèbre cimetière, appelé « l’Aile verte », où reposent les premiers musulmans qui l’ont bâtie et où sont également enterrés mes ancêtres.

Aujourd’hui, l’inspiration de Kairouan ne s’est pas tarie. Je continue à feuilleter les pages de son histoire non seulement pour y puiser matière littéraire, mais parce que j’y cherche encore l’âme de ma Tunisie et, au-delà, celle du monde musulman.

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