Parce qu’elle le vaut bien !

Publié le 30 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

On raconte qu’en donnant le premier coup de pioche à la cité qu’il fonda, Oqba Ibn Nafaa a imploré Allah en ces termes : « Faites que Kairouan soit un haut lieu du savoir et de la science et qu’elle constitue un motif de gloire pour l’islam et les musulmans jusqu’à la fin des temps. » Près de quatorze siècles plus tard, dans son discours d’inauguration des festivités de la célébration de « Kairouan, capitale de la culture islamique 2009 », le président Zine el-Abidine Ben Ali répond assurément au vœu du compagnon du Prophète en engageant la Tunisie contemporaine à réhabiliter les traditions de culte et de savoir de la cité et à réactiver sa gloire passée.

Lu par le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, dans l’enceinte de la Grande Mosquée, en présence du directeur général de l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (Isesco, initiateur du programme des Capitales de la culture islamique), Abdulaziz Altwaijri, et de tous les membres du gouvernement vêtus de la djebba traditionnelle, ce discours restera dans la mémoire des Kairouanais comme une sorte de refondation de la cité.

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Le président Ben Ali y retrace le passé de la plus ancienne métropole de l’islam d’Occident qui fut, à proprement parler, « l’Andalousie du Maghreb musulman », et représente, avec Cordoue et Fès, l’époque des Lumières de cette religion. Les Arabes qui fondent la cité en 670 (an 50 de l’Hégire) vont y fournir la preuve du génie de leur religion fécondée par l’apport des Berbères de l’Ifriqiya. Ils en font le point de départ de leurs conquêtes et y instaurent le rite malékite, qui va s’étendre à tout le Maghreb et à une partie de l’Afrique subsaharienne. Mais cette cité, symbole du dogme et de la tradition, fut toujours ouverte sur le monde. Une ville à deux visages où la tradition n’entrave pas l’évolution, ni le dogme la création. Ici se sont côtoyés les cheikhs et les poètes, les imams, les exégètes et les médecins. Et si Kairouan est la quatrième ville sainte de l’islam, après La Mecque, Médine et Jérusalem, elle demeure la fille aînée d’une Tunisie qui a toujours su conjuguer islam et modernité.

La promesse est donc faite par Ben Ali de saisir l’opportunité des festivités qui jalonneront toute l’année 2009 pour « assurer la continuité entre le passé et le présent, […] revivifier les sciences du culte, […] mettre en valeur les sites et les monuments religieux » et, enfin, faire de Kairouan « la vitrine de ce que la Tunisie a apporté à la civilisation universelle de médiation et de tolérance ».

Détail symbolique : l’inauguration des festivités a eu lieu volontairement à la veille du Mouled (anniversaire de la naissance du Prophète), traditionnellement célébré en grande pompe à Kairouan, le 8 mars… date de la Journée internationale de la femme. Un clin d’œil à la seule ville musulmane au monde où les femmes ont exigé, et obtenu, depuis le VIIIe siècle (IIe siècle de l’Hégire), l’abrogation de la polygamie, à travers le « contrat de mariage kairouanais ».

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