Islam et laïcité : l’exception française ?

Un colloque organisé à Fès à l’initiative du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) analyse le statut juridique de la religion musulmane en Europe.

Publié le 30 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

L’islam est-il compatible avec la laïcité ? Et, en retour, les pays européens offrent-ils les garanties juridiques suffisantes pour un exercice serein de ce qui est devenu la deuxième religion de l’Union européenne ? C’est à cette double question qu’ont tenté de répondre les invités (juristes, universitaires, théologiens, hauts fonctionnaires) du colloque organisé les 14 et 15 mars à Fès à l’initiative du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), présidé par Driss El Yazami. Point d’orgue de cette réunion, la première du genre organisée de ce côté de la Méditerranée : la visite de la mosquée d’Al-Qaraouiyine. Une visite ouverte à tous, musulmans comme chrétiens.

Des royaumes britannique et danois, dont la couronne veille à la prééminence des Églises nationales (anglicane ou luthérienne), en passant par l’Italie républicaine, qui mentionne l’Église catholique dans sa Constitution, ou encore la Grèce et son culte orthodoxe, reconnu comme « dominant », les débats ont permis de faire un passionnant tour d’horizon d’une laïcité européenne à géométrie variable. Mais, à Fès, c’est de l’islam de France et ses 5 à 8 millions de fidèles qu’il a surtout été question. « La laïcité française est moins guerrière que l’imaginaire collectif ne le pense », analyse Driss El Yazami. C’est aussi en France que la réflexion sur l’islam et l’organisation du culte sont les plus abouties, avec notamment la création, en 2003, du Conseil français du culte musulman (CFCM), interlocuteur privilégié des autorités. « Le cas de la France est considéré comme un véritable laboratoire pour les pays voisins », a expliqué à Jeune Afrique Mohamed Moussaoui, président du CFCM.

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De son côté, David Sénat a souligné « la neutralité bienveillante » des pouvoirs publics français vis-à-vis de l’islam. Hostile à la « communautarisation », le « monsieur Islam » du ministère de l’Intérieur a implicitement dénoncé le projet de création d’un Conseil représentatif des institutions musulmanes (Crim). Cette initiative, appuyée par l’Algérie et financée par le Qatar, risquerait de diviser la communauté musulmane et serait perçue comme un nouvel épisode de la guerre sourde qui oppose Algériens et Marocains pour le contrôle de l’islam de France.

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