Cherche médiateur désespérément

Mouammar Kadhafi choisit le camp des putschistes et se met à dos la classe politique tout entière, qui rejette désormais sa mission de bons offices.

Publié le 30 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Comme on pouvait le craindre, Mouammar Kadhafi ne s’est pas révélé un bon docteur. Arrivé en fanfare à Nouakchott le 9 mars pour conduire une médiation entre le président renversé, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, et son tombeur, le général Ould Abdelaziz, le « Guide » en est reparti trois jours plus tard en laissant derrière lui un pays plus divisé qu’il ne l’avait trouvé. Jusqu’alors, Ahmed Ould Daddah, chef du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), le premier parti du pays, occupait une position médiane, préconisant, pour sortir de la crise née du coup d’État du 6 août dernier, l’organisation d’une élection présidentielle anticipée à laquelle les putschistes ne pourraient se présenter. Mais depuis la tempête Kadhafi, il a fait un pas vers les « antiputsch » : le 14 mars, son parti a signé une déclaration conjointe avec le Front national de défense de la démocratie (FNDD, qui prône le départ des militaires et le retour de « Sidi »), déplorant « la prise de position de la médiation en faveur des autorités » et, en clair, rejetant l’intercession libyenne.

Le coup de gueule était bien inspiré : « Les militaires ne peuvent pas lui permettre de regagner son poste […], donc il doit accepter le fait accompli », déclarera Kadhafi, dès le lendemain, à propos de Sidi. L’expulsion par les autorités mauritaniennes de l’ambassadeur d’Israël à la veille de l’arrivée du prétendu « roi des rois traditionnels d’Afrique » n’est pas étrangère à l’inclination de ce dernier pour la junte. « Sidi étant soutenu par la communauté internationale, Kadhafi se sent obligé, par réflexe, de choisir le camp des militaires », explique aussi une source proche de Tripoli.

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Mais alors, qui va jouer les médiateurs ? Le « Guide » ayant été désigné par le « groupe de contact sur la Mauritanie » (qui compte notamment l’ONU, l’UE et l’UA), c’est à lui de choisir son successeur. Peu de chances, toutefois, qu’il le fasse avant la prochaine réunion, en avril, du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, censée évaluer la médiation libyenne. Autant de temps gagné par la junte pour imposer son agenda : l’organisation d’une présidentielle le 6 juin prochain, très probablement boycottée par le RFD et les treize partis qui composent le FNDD. « Si cette élection a lieu, la crise va s’aggraver, et on s’acheminera, une nouvelle fois, vers un coup d’État », avertit un observateur mauritanien.

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