Le pacte nucléaire

Les intérêts sahariens du groupe Areva seront au cœur de la visite du président Nicolas Sarkozy prévue à Niamey le 27 mars prochain.

Publié le 30 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Le 27 mars, Nicolas Sarkozy ne s’arrêtera qu’une demi-journée à Niamey, sur la route entre Brazzaville et Paris. Est-ce une marque de désintérêt pour le Niger ? Pas nécessairement. Au-delà des différences de style, les présidents français ont toujours soigné leur relation avec le Niger pour une raison toute simple : l’uranium. « Aujourd’hui, le Niger fournit 38 % du combustible des centrales nucléaires françaises. En 2012, ce sera 50 %. Pour nous, le Niger est un partenaire stratégique », lâche un proche du chef de l’État français.

À l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, il y a deux ans, les relations entre Paris et Niamey étaient franchement mauvaises. À l’époque, Mamadou Tandja soupçonnait les Français de soutenir les rebelles touaregs du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) et ne jurait plus que par les prospecteurs chinois. En juillet 2007, il avait fait expulser le directeur de la compagnie minière Areva à Niamey. Évidemment, la colère nigérienne était surjouée. Il s’agissait de mettre sous pression Anne Lauvergeon, « l’impératrice de l’atome ». Mais le coup a payé. Depuis 2008, Areva achète la livre d’uranium 50 % plus cher. En échange, la compagnie vient de décrocher le permis d’exploiter le gisement géant d’Imouraren. Et aujourd’hui, un ministre nigérien peut dire la main sur le cœur : « Nos relations sont au beau fixe. »

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De quoi vont parler Sarkozy et Tandja en tête à tête ? D’uranium, bien sûr. Le président nigérien rêve d’un chemin de fer entre la mine d’Imouraren et le Bénin pour évacuer son yellow cake par le port de Cotonou. Mais les deux hommes risquent d’évoquer aussi la présidentielle de novembre prochain. Mamadou Tandja va-t-il essayer de se présenter une troisième fois en modifiant la Constitution ? Confidence d’un décideur français : « Sans faire d’ingérence, nous sommes prêts à partager notre expérience. En France, le nombre de mandats est limité depuis l’an dernier. » Bref, Nicolas Sarkozy n’est pas favorable aux présidences à vie.

Si Tandja respecte la Loi fondamentale, le Niger aura un nouveau président en décembre prochain, et l’idée de lui serrer la main dès le 27 mars ne déplaît pas à Sarkozy. À Niamey, le président français rencontrera tous les leaders politiques à l’occasion d’une réunion du CNDP, le Conseil national de dialogue politique – un cadre de rencontres original qui regroupe depuis cinq ans une quarantaine de figures du pouvoir et de l’opposition. Mais un homme manquera à l’appel : Hama Amadou. L’ancien Premier ministre faisait de l’ombre au chef de l’État. Arrêté depuis neuf mois pour « détournement de fonds publics », il a quitté sa prison pour être hospitalisé le 12 mars.

Lors de leur conférence de presse conjointe à Niamey, Tandja et Sarkozy pourraient bien adresser un message aux rebelles touaregs sur le thème : « La lutte armée ne mène à rien. » En coulisse, les deux hommes devraient aller plus loin. Selon plusieurs sources, les deux diplomates canadiens et le chauffeur nigérien, qui ont disparu près de Niamey le 14 décembre, ont d’abord été capturés par des dissidents du MNJ, avant d’être « revendus » à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Un ministre nigérien confie : « Ce qui nous manque, c’est du renseignement. La France peut nous apporter de la logistique, de la technologie et de la formation. » Au Niger, la Chine n’a pas encore évincé tous ses rivaux.

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