Terrorisme tout terrain

Faute de moyens sans doute, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI, ex-GSPC) ne fait pas campagne pour le boycott du scrutin présidentiel, prévu le 9 avril. Ni affichage sur les murs des mosquées, ni fatwa virtuelle sur Internet. Pour autant, l’hostilité des salafistes à l’égard des élections est toujours aussi manifeste. Une action spectaculaire, dans le style de l’attentat-suicide perpétré le 7 mars à Tadmaït, en Kabylie, contre une garnison de gendarmerie (et qui avait fait trois morts, dont le kamikaze), n’est pas exclue.

Le gouvernement a donc décidé de renforcer le dispositif de maillage du territoire pour protéger, d’abord, les meetings qu’organisent les six candidats jusqu’au 6 avril, et, ensuite, pour sécuriser les opérations de vote.

Selon les services de sécurité, trois régions sont particulièrement exposées : la Kabylie, qui abrite le quartier général d’AQMI et où les actes terroristes sont quasi quotidiens ; les monts du Zaccar (à 120 kilomètres à l’ouest d’Alger), où un groupe d’une trentaine de maquisards multiplie les opérations contre les biens et les personnes ; la région de Tébessa, enfin, à l’extrême est du pays, frappée par des massacres dont la sauvagerie rappelle les pires heures des Groupes islamiques algériens (GIA) durant les années 1990. Une dizaine de civils et autant de militaires y ont été assassinés entre la dernière semaine de février et la première semaine de mars.

Si les autorités algériennes se concentrent surtout sur cette partie du territoire, elles ne sont pas seules à nourrir des inquiétudes. L’assassinat de cinq membres d’une même famille (dont deux enfants, égorgés) a eu lieu à un jet de pierre de la frontière tunisienne. Pour parer à toute éventualité, l’armée du président Zine el-Abidine Ben Ali a discrètement renforcé sa présence de l’autre côté de la frontière.