Un coeur de rechange

Doyen honoraire de la faculté de médecine d’Abidjan. Professeur honoraire de la faculté de médecine de Marseille.

Publié le 17 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

De tous les progrès médicaux du siècle dernier, aucun n’a causé plus de sensation que la greffe du cœur ou transplantation cardiaque (TC). Réalisée pour la première fois en Afrique du Sud par Chris Barnard en 1967, c’est seulement après 1980 que la technique et surtout le traitement antirejet ont été suffisamment au point pour que la TC soit reconnue comme traitement de l’insuffisance cardiaque en échec thérapeutique.

La survie du patient de Barnard n’a été que de dix-huit jours. Aujourd’hui, la survie des patients est de 80 % un an après l’opération, pour une durée moyenne de survie de douze ans. À l’hôpital Salpêtrière de Paris, 40 malades transplantés sur 600 ont déjà survécu plus de vingt ans. En 2005, plus de 70 000 TC ont été réalisées dans le monde.

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La plupart des TC sont indiquées dans le cas d’infarctus répétés ou d’une maladie du muscle cardiaque (cardiomyopathie). Les principales complications à craindre sont le rejet aigu développé par le receveur, le rejet chronique (qui peut conduire à une retransplantation) et toutes les maladies qui peuvent être favorisées par le traitement antirejet : hypertension, diabète, infections, voire certains cancers. Mais la TC permet la reprise de l’activité professionnelle dans environ la moitié des cas. Les greffés peuvent pratiquer des activités sportives. On a même vu l’un d’entre eux dépasser son chirurgien dans un semi-marathon !

La TC pose aussi la question de la mort du donneur. Actuellement, la mort légale est la mort du cerveau lorsqu’il ne présente plus aucun signe d’activité. Une définition que les grandes religions ont finalement acceptée. Mais un autre problème se pose : en raison de l’insuffisance du nombre de donneurs, d’autres possibilités que celle de la TC sont étudiées. Il y a la régénération du muscle cardiaque à partir de cellules pluripotentielles ou embryonnaires, la greffe d’un cœur animal ou, surtout, l’implantation d’un cœur mécanique dont le professeur Alain Carpentier a annoncé en novembre dernier la réalisation d’ici à deux ans. Nous sommes bien loin des débuts de la TC, quand on ouvrait le cœur « comme une cathédrale »… Mais la TC garde toujours un poids symbolique et affectif que n’ont pas les autres greffes.

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