Noire Europe

Plusieurs ouvrages reviennent sur les Africains qui ont participé à la construction de l’Europe… depuis la nuit des temps.

Publié le 17 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Qui se souvient de Habib Benglia, qui joua dans Les Enfants du paradis de Marcel Carné et La Grande Illusion de Jean Renoir ? Qui se souvient de René Maran, Prix Goncourt 1921 pour Batouala ? Qui se souvient de Sidi Samaké, gamin de Bamako mort à Verdun en 1916 ? Ces hommes ont deux points communs : ils étaient noirs, et, ceci expliquant certainement cela, la France les a oubliés. Ils ont pourtant, chacun dans son domaine, participé à la grandeur de ce pays. Tout comme Jean-Baptiste Belley, député de Saint-Domingue (futur Haïti) à la Convention de 1794, ou le Martiniquais François-Auguste Perrinon, l’un des artisans de l’abolition de l’esclavage en 1848.

Dans Ces Noirs qui ont fait la France, Benoît Hopquin, grand reporter au Monde, brosse le portrait de ces personnages, ainsi que d’autres, plus connus, tels que Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor ou Gaston Monnerville, originaire de la Guyane, et président du Sénat français de 1947 à 1968.

la suite après cette publicité

Poste ministériel

S’il retrace avec une empathie évidente leurs destins exceptionnels, l’auteur ne verse jamais dans l’hagiographie. La vérité oblige à dire, par exemple, que le Sénégalais Blaise Diagne, sous-secrétaire d’État aux Colonies en 1931 et premier Africain à obtenir un poste ministériel, fut un ardent défenseur du système impérial.

« Un précurseur français d’Obama. » C’est ainsi que l’éditeur présente le général Alexandre Dumas, père du célèbre écrivain français du XIXe siècle, auquel l’historien Claude Ribbe consacre de son côté une biographie. Ce grand héros de la Révolution française, né à Saint-Domingue des amours d’un petit noble normand et de son esclave, Céleste, est aussi l’un de « ces Noirs qui ont fait la France ». Et il a fallu attendre bien longtemps pour qu’il obtienne la place qui lui revient dans la mémoire nationale.

Le constat est le même dans le passionnant ouvrage collectif publié par la Maison de l’Afrique à Toulouse : une bonne partie de l’histoire multiculturelle de l’Europe a été occultée. Là, le propos est plus large, puisque la vingtaine de textes rassemblés dans le livre visent à montrer la permanence de la présence d’Africains sur le sol européen depuis la préhistoire jusqu’au XXe siècle, en passant par l’Antiquité gréco-romaine, l’Andalousie, la Renaissance, la Russie des tsars, etc. Des Africains ou descendants d’Africains furent empereurs à Rome, dirigèrent l’Église catholique, nombre d’entre eux comptèrent parmi les plus éminents penseurs, savants, généraux, artistes ou encore écrivains du Vieux Continent.

la suite après cette publicité

Thème à la mode s’il en est, la diversité culturelle de l’Europe ne date donc pas d’aujourd’hui. 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires