Une kora peut en cacher une autre
Avec Séno, Ba Cissoko poursuit ses expérimentations. Un zeste moins psychédéliques.
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Le Guinéen Ba Cissoko a beau descendre d’une grande lignée de griots, il n’en est pas moins celui qui révolutionne actuellement la musique mandingue. Depuis son premier album, Sabolan, sorti en 2003 et, surtout, Electric Griot Land, paru en 2006, clin d’œil à Electric Ladyland de Jimi Hendrix, ce joueur de kora né en 1967 à Koundara ne cesse de revisiter le style et les possibilités de cet instrument typique de l’Afrique de l’Ouest. Son nouvel album, Séno (Cantos), ne déroge pas à la règle. Mélange de reggae, de rock et de sons latins, cet opus hommage à sa grand-mère continue comme les précédents à décloisonner la musique de son pays en la revivifiant.
Petit, déjà, Ba Cissoko trouvait la kora « vieille, poussiéreuse et ringarde ». Mais son père, le fondateur des ballets Djoliba, et son oncle M’Baty Kouyaté, koriste réputé, le persuadent d’apprendre l’instrument et de prendre la relève de ceux qui l’ont précédé. Cissoko ne prétend pas avoir la dextérité d’un maître comme Toumani Diabaté. Mais pour cet amateur de sport qui se rêvait footballeur, l’essentiel est d’être dans son temps. Baigné entre la tradition ancestrale et cet irrésistible appel de la modernité, il a su développer un style unique en électrifiant sa harpe-luth tout en la dotant, comme pour la guitare électrique, d’effets de distorsions.
Il crée au début des années 1990 le groupe Tamalalou avec le trompettiste Gilles Poizat. Et débute ses expérimentations. Elles se poursuivent à Marseille, où il débarque en 1995. Après avoir participé au festival Nuits métisses à Auxerre (France), il se frotte à des musiciens comme Ray Lema, le DJ Yvi Slan, le groupe No Quartet ou Les Nubians, qui figureront sur son deuxième album. En 1999, il forme un trio avec ses cousins Kourou à la basse et Sékou à la kora électrique, qui seront rejoints pas le percussionniste Ibrahim Bah. Le quartet innovant se fait connaître, impose sa sonorité particulière à travers le monde. Une maturité dont Séno est la marque évidente.
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