Le rire de Lavrov
Genève, 6 mars. Hillary Clinton rencontre pour la première fois, officiellement du moins, Sergueï Lavrov, son alter ego russe. Pour manifester sa volonté de rupture avec l’ère Bush et relancer les relations, passablement tendues, entre les deux pays, elle offre à son interlocuteur un cadeau hautement symbolique : un commutateur jaune et rouge porteur de l’inscription « reset » (redémarrage, en anglais), avec sa traduction : « peregruzka ». Hélas ! les traducteurs du département d’État se sont pris les pieds dans le tapis : en russe, ce terme ne signifie nullement « redémarrage », mais « surcharge » !
Dans le passé, il est arrivé que des conflits éclatent à la suite de bévues de ce genre. En 1870, la traduction fautive de la « dépêche d’Ems » par le chancelier Bismarck aboutit à la guerre entre la Prusse et la France. Mais il s’agissait en l’occurrence d’une erreur volontaire destinée à provoquer « le taureau gaulois ». Cette fois, le désir d’apaisement des Russes et des Américains est tel que Lavrov, qui, d’ordinaire, est pourtant tout sauf un joyeux drille, a carrément éclaté de rire.
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