Deux voix concordantes qui dérangent
La désignation d’une Juive et d’une Arabe pour représenter l’État hébreu au concours de l’Eurovision déclenche une levée de boucliers dans les deux communautés.
Publié le 16 mars 2009 Lecture : 1 minute.
Le conflit israélo-palestinien va-t-il s’inviter au concours annuel de l’Eurovision, qui se tiendra le 16 mai à Moscou ? Retenue pour représenter l’État hébreu, Achinoam Nini, 39 ans, plus connue sous le nom de Noa, se produira en duo avec la chanteuse et actrice arabe-israélienne de confession chrétienne Mira Awad, 33 ans. Ainsi en a décidé, en janvier, le comité désigné par l’Israeli Broadcasting Authority (IBA), qui, pour la première fois dans l’histoire de ce concours créé en 1956, présentera un duo judéo-arabe.
L’idée aurait été soufflée par Noa, connue pour être une militante pacifiste. Mais, en Israël, l’initiative irrite au plus haut point une frange de l’opinion – juive et arabe – et déchaîne les passions dans les rangs de la gauche comme de la droite ultranationaliste emmenée par Avigdor Lieberman. Désignées en pleine offensive de Tsahal dans la bande de Gaza, les candidates se voient reprocher leur « duo de circonstance », qui donne une fausse impression de « coexistence entre les deux communautés ». De fait, les pétitions se multiplient depuis plusieurs semaines au sein des deux communautés pour dénoncer cette association et demander une nouvelle désignation. Les artistes arabes-israéliens reprochent à Mira Awad d’être instrumentalisée par la propagande israélienne. Quant à Noa, dont certains concerts ont été annulés dans le passé en raison des menaces de l’extrême droite israélienne, elle est accusée de pactiser avec l’ennemi et de faire l’apologie des thèses du Hamas.
Ce n’est pourtant pas la première fois que les deux chanteuses, domiciliées à Tel-Aviv, se produiront ensemble. Mira Awad a prêté sa voix sur le titre des Beatles « We Can Work it Out », repris par Noa dans son album Now, sorti en 2002, en pleine seconde Intifada. Les deux artistes se sont également affichées côte à côte en mai 2008, lors des festivités marquant le soixantième anniversaire de l’État hébreu.
