Les raisons d’une séparation

Publié le 16 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Après trois semaines d’une crise à rebondissements, Rabat a décidé, le 6 mars, de rompre ses relations diplomatiques avec Téhéran. Tout a commencé le 15 février, quand Ali Akbar Nateq Nouri, conseiller du Guide suprême Ali Khamenei, qualifie Bahreïn de « 14e province iranienne ». À l’instar de l’Égypte ou de la Jordanie, le Maroc envoie un message de soutien au roi de Bahreïn. Mais seul le chargé d’affaires marocain à Téhéran est convoqué, tandis que l’agence de presse iranienne publie un communiqué dans lequel les autorités tiennent des propos « inamicaux » à l’endroit de Rabat, allant même jusqu’à qualifier le message royal d’« erreur ». Le 25 février, le ministère marocain des Affaires étrangères convoque l’ambassadeur iranien et donne une semaine à Téhéran pour s’expliquer. Le délai écoulé, le Maroc rompt ses relations diplomatiques avec l’Iran. Une décision officiellement motivée par l’ingérence de l’Iran dans les affaires intérieures du Maroc et son « activisme avéré pour altérer les fondamentaux religieux du royaume […] et tenter de menacer l’unicité du culte musulman et du rite malékite sunnite ». Rabat reproche aux Iraniens de se livrer à du prosélytisme sous le couvert d’activités diplomatiques ou culturelles. Une accusation rejetée par l’Iran, qui appelle Rabat à ne pas mettre en danger « l’unité du monde musulman, nécessaire pour défendre le peuple palestinien », tout en laissant entendre que le Maroc est tombé dans le « piège tendu par les ennemis du monde musulman, notamment les sionistes ». Des propos très mal reçus au Maroc, qui rétorque que le roi, président du Comité Al-Qods, « n’a aucune leçon à recevoir » sur son implication dans le dossier israélo-palestinien.

Cette rupture intervient au moment où de nombreux pays arabes s’inquiètent de l’influence croissante de Téhéran dans la région. « L’Iran s’est invité à plusieurs reprises à des réunions de pays arabes et il organise sa propre conférence sur Gaza. Mais il n’est pas le mieux placé pour défendre les intérêts palestiniens », s’indigne un diplomate marocain. Un avis partagé par le chef de la diplomatie saoudienne, Saoud al-Fayçal, qui a appelé, le 3 mars, les pays arabes à s’unir face au « défi iranien ». Mais le Maroc est le seul pays à être allé jusqu’à la rupture. Même Bahreïn, après avoir souligné les « positions fraternelles et nobles » de Rabat à son égard, a préféré passer l’éponge. Alors, simple coup de sang ou divorce mûrement réfléchi ? « Nous avons fait passer les principes avant les intérêts », explique Youssef Amrani, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères.

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