Paul Kagamé : Nkunda, Kabila, la France et lui

Alors que les troupes rwandaises viennent d’achever leur retrait du Kivu et que le pays s’apprête à se recueillir pour le quinzième anniversaire du génocide, le président Paul Kagamé s’explique. Sans états d’âme.

Publié le 16 mars 2009 Lecture : 14 minutes.

Il y a deux manières d’appréhender le Rwanda. Via la tragédie du génocide, il y a quinze ans, et les miasmes d’un passé qui ne passe toujours pas. Ou via la success story d’un pays réglé comme une horloge suisse, qui a réalisé en 2008 un taux de croissance économique record de 11 %. Pour relier ces deux images, il faut se rendre sur place et observer au quotidien l’autoritarisme vertueux, très asiatique (façon Lee Kuan Yew) et très moralisateur d’une gouvernance qui a imposé aux 10 millions de Rwandais une société de l’ordre où l’on ne fume pas, où les sacs en plastique sont interdits, où le port du casque et de la ceinture de sécurité est strictement obligatoire, où les ministres n’ont ni voitures ni villas de fonction, où l’on se couche tôt, se lève tôt, et où l’on travaille avec autant d’application que l’on se tuait hier. Paul Kagamé, 51 ans, chef de l’État depuis 2000 (mais patron de fait depuis 1994) et désormais PDG de « Rwanda Inc », croit aux rapports de force et au volontarisme en politique. Qu’il s’agisse de remplacer le français par l’anglais comme langue de travail et d’éducation, d’intervenir au Kivu pour « éradiquer » les rebelles, de raser tout un quartier du centre de Kigali pour y implanter des immeubles neufs, de décréter qu’en 2015 le pays se passera de l’aide étrangère, de lâcher un ex-allié devenu encombrant ou de tenir une conférence de presse de trois heures pour expliquer en quoi la corruption est le mal absolu, ce leader entièrement à part en Afrique n’a ni états d’âme ni temps à perdre. C’est dans un salon d’Urugwiro Village, un ancien hôtel transformé en présidence, au cœur de ce qui est sans doute la capitale la plus sûre d’Afrique, que cet homme sec et sobre dont la seule distraction est de jouer au tennis s’est confié à J.A. En anglais bien sûr, et sans autre support qu’un verre d’eau. 

Jeune Afrique : L’opération « Umoja Wetu » – « notre unité » en swahili –, que vous avez menée dans le Nord-Kivu conjointement avec l’armée congolaise contre les rebelles hutus des FDLR [Forces démocratiques pour la libération du Rwanda], s’est achevée le 26 février après cinq semaines de combats. Êtes-vous satisfait du résultat ?

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Paul Kagamé : Oui. En premier lieu parce que cette opération conjointe démontre qu’entre le Rwanda et la RD Congo l’heure est à la coopération, à la confiance mutuelle et à la solution consensuelle des problèmes communs. C’est le plus important. Sur le plan militaire, nous avons brisé l’épine dorsale des FDLR, tout au moins dans le Nord-Kivu, au grand soulagement des populations locales. Mais il reste encore du travail à faire…

Le bilan chiffré paraît mince : 150 FDLR tués et 1 300 désarmés sur un total de 7 000 à 8 000 hommes…

Ce n’est pas le plus important. Par rapport à ce que je viens d’expliquer, c’est un aspect mineur, une simple affaire de statistiques.

Le gros des FDLR s’est dispersé dans la forêt et l’essentiel des rapatriés sont des femmes et des enfants. Cela ne vous inquiète pas ?

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Lorsque vous fuyez en brousse, c’est que vous êtes faible. Je doute que si ces gens tentent de reconquérir leurs places fortes ils aient la partie facile face à l’armée congolaise et à la ­population.

C’est maintenant au tour de l’armée congolaise et des Casques bleus de la Monuc [Mission des Nations Unies en RD Congo] de « finir le travail » et d’occuper le terrain. Vous avez ­confiance ?

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Je ne sais pas ce que la Monuc est capable ou non de faire en ce domaine. Par contre, je pense que les autorités congolaises ont pris la mesure de ce problème et qu’elles sont déterminées à le résoudre, que ce soit par leurs propres moyens ou en coopération avec nous. C’est tout à fait nouveau et ­capital.

Êtes-vous prêt à envoyer de nouveau votre armée au Kivu ?

Si les dirigeants de Kinshasa estiment avoir encore besoin du Rwanda pour les aider à régler définitivement cette situation, le Rwanda est prêt et disponible, dans la mesure de ses moyens.

Les Américains ont-ils exercé des pressions sur vous et sur le président Kabila pour que vous agissiez ensemble ?

Je ne peux pas répondre à la place du président Kabila. Mais en ce qui me concerne, la réponse est claire : c’est non. En règle générale, il faut que vous sachiez que les pressions ça ne marche pas sur le Rwanda.

Vous allez donc dire que le rapport de l’ONU de décembre 2008, affirmant que vous apportiez une aide militaire et financière aux rebelles congolais de Laurent Nkunda, n’a joué aucun rôle dans votre décision de lâcher ce dernier…

Pourquoi aurions-nous besoin d’incitations extérieures pour mener une opération conjointe que nous réclamions depuis des années ? C’est absurde. Le gouvernement de la RD Congo nous a demandé de participer à cette opération et nous avons été heureux d’accepter parce que cela correspond aux intérêts des deux pays. Voilà la vérité. Lâcher Nkunda ? Mais encore aurait-il fallu que nous ayons soutenu Nkunda. Ce qui n’a jamais été le cas, contrairement à ce que ce rapport de l’ONU prétend.

Suite à ce rapport, la Suède et la Hollande ont suspendu leur aide au Rwanda. Et la Grande-Bretagne s’apprêtait à faire de même. Ça, ce sont des pressions, non ?

Cela n’a rien à voir. C’est un problème permanent. N’importe quel contributeur peut décider du jour au lendemain de stopper son aide, pour une raison ou pour une autre. C’est son droit et nous en sommes tout à fait conscients. Ce sont les intérêts du Rwanda qui guident nos décisions et non ce genre de menaces contre lesquelles nous ne pouvons rien. L’aide extérieure est importante, mais elle n’est pas tout. Et puis, il faudra bien que nous apprenions à nous en ­passer.

Comment qualifieriez-vous vos relations avec Joseph Kabila ?

Elles sont bonnes.

Cela n’a pas été facile pour lui de faire accepter par son opinion l’intervention de vos troupes au Nord-Kivu. Lui reconnaissez-vous une forme de courage politique ?

Tout chef digne de ce nom se doit d’être courageux. Un leader se reconnaît à sa capacité de prendre ses responsabilités, surtout quand le chemin à suivre est difficile.

Que pensez-vous des critiques qui ont été formulées à Kinshasa contre votre intervention, en particulier par le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe ?

Cela relève du jeu politique congolais, lequel est souvent complexe. J’ai lu ce que Vital Kamerhe vous a dit dans Jeune Afrique et j’ai du mal à le suivre. Il était pour une intervention armée contre les FDLR, et, à partir du moment où le président Kabila décide d’y aller, il est contre. C’est lui aussi qui, toujours dans Jeune Afrique, nous accuse d’exploiter illégalement les ressources minières du Kivu et de convoiter la terre. De quoi parle-t-il ? Quelles sont ses preuves ? Ce genre d’affirmations gratuites, ajoutées au fait indéniable que le Rwanda est un petit pays densément peuplé, participe à créer l’impression totalement erronée selon laquelle tout dans cette région est affaire de richesses et de pillage. Or, et Vital Kamerhe le sait fort bien, le problème auquel le Rwanda fait face au Nord-Kivu n’a rien à voir avec cela. C’est un problème de sécurité, dû au contexte historique que chacun connaît.

Pourquoi avez-vous arrêté Laurent Nkunda ?

Le problème du Nord-Kivu comporte deux aspects distincts. Celui des FDLR, que nous avons en grande partie résolu en collaboration avec l’armée congolaise. Et celui de Nkunda et de son CNDP, qui concerne, lui, essentiellement la RD Congo. Comme vous le savez, à l’issue des négociations de Nairobi fin 2008, la majorité du CNDP a décidé de rejoindre le camp gouvernemental sous la houlette de Bosco Ntaganda, laissant Laurent Nkunda sur la touche. Son intransigeance avait fini par faire de lui un obstacle pour la paix et risquait de compromettre l’ensemble du processus de coopération régionale. Acculés, Nkunda et son groupe ont franchi la frontière à Gisenyi avant de se rendre à nos forces de sécurité.

Certains de ses proches affirment que vous l’avez attiré dans un piège…

C’est faux. Et puis ce n’est pas notre genre : on se bat, on gagne ou on perd, mais on ne fait pas de coups bas.

D’autres ajoutent que vous auriez manipulé Bosco Ntaganda pour affaiblir son chef.

C’est également faux. La réalité est que Nkunda s’est livré à nous. Il est actuellement détenu en résidence surveillée sans communication avec l’extérieur. Nous discutons de son sort avec les autorités de son pays, la RD Congo, et ceux qui l’accompagnaient sont déjà rentrés chez eux.

Est-il vrai que son arrestation a suscité des protestations au sein de l’état-major de l’armée rwandaise ?

C’est inexact. Et puis, je ne vois pas pourquoi…

Parce que Nkunda est tutsi. Et que les Tutsis rwandais et congolais se doivent d’être solidaires.

Nous parlons ici d’affaires sérieuses, qui concernent la sécurité de deux États voisins. Tout le reste n’est que mythologie et approximations culturalistes.

On dit aussi que Laurent Nkunda est détenteur de secrets qui pourraient vous embarrasser.

Ah bon ? Lesquels ?

N’a-t-il pas été membre de l’Armée patriotique rwandaise, votre armée, de 1991 à 1996 ?

Absolument pas. J’ai même lu quelque part qu’il nous aurait aidés à libérer Kigali en juillet 1994. Ce sont des bêtises.

Mais c’est lui-même qui l’affirme !

Je vous le répète : ce sont des ­idioties.

N’est-il pas votre ami ?

Je ne connais pas Laurent Nkunda, je ne l’ai jamais rencontré, je ne l’ai jamais vu ailleurs qu’à la télévision, et je ne lui ai jamais parlé au téléphone. Est-ce clair ?

Autre sujet sensible : vos relations avec la France. Vous avez rencontré Nicolas Sarkozy à deux reprises, à Lisbonne et à New York. Diriez-vous que la réconciliation est en marche ?

Le fait que nous nous soyons rencontrés signifie qu’à tout le moins nous nous sommes parlé. Pas pour ne rien dire, mais pour aborder dans le fond l’état de nos relations. Je crois que nous allons dans la bonne direction.

Le président Sarkozy compte proposer, fin mars, à l’occasion de sa visite à Kinshasa, un plan de règlement et de coopération pour la région des Grands Lacs. Êtes-vous au courant ?

J’avoue ne pas très bien comprendre de quoi il s’agit et j’attends avec intérêt les explications que le président Sarkozy délivrera sur ce sujet, à Kinshasa. Je ne suis pas demandeur d’un quelconque plan pour la région et j’ignore pourquoi le Rwanda est mêlé à cela. Bref, j’aimerais qu’on m’explique.

D’après ce qu’on en sait, ce plan met l’accent sur un marché économique commun, sur la coopération ­rwando-congolaise, sur la complémentarité régionale…

Toutes choses que nous essayons déjà de mettre en place à travers l’East African Community et la Communauté économique des pays des Grands Lacs. Mais pourquoi pas ? Toutes les suggestions de bonne foi sont les bienvenues et nous sommes ouverts à la discussion. À condition de ne pas ignorer que les problèmes qui se sont posés depuis quinze ans entre le Rwanda et la RD Congo sont de nature essentiellement politique et sécuritaire.

Pour Nicolas Sarkozy, le Rwanda est « un pays à la superficie petite et à la démographie dynamique », et la RD Congo « un pays à la superficie immense et à l’organisation étrange des richesses frontalières ». Partagez-vous ce jugement ?

Le président Sarkozy a raison quand il parle de complémentarité entre nos deux pays, mais il ne faudrait pas voir la démographie du Rwanda comme un obstacle. À condition d’être géré, encadré et dirigé à bon escient, le peuple est notre richesse la plus précieuse. Et puis, entre nous, réduire la relation entre deux voisins à une formule mathématique, c’est un peu trop simple.

Beaucoup de choses, dans l’évolution de vos relations avec la France, dépendront de la solution qui sera apportée au cas de Rose Kabuye, votre directrice du protocole poursuivie à Paris dans le cadre de l’enquête sur l’attentat d’avril 1994…

Sans doute, c’est même une évidence. Mais au-delà du cas de Rose Kabuye, il faudra également que l’on réponde à cette question, d’ordre général : un pays, quel qu’il soit, riche ou pauvre, puissant ou faible, peut-il considérer que sa justice est supérieure et que ses lois priment celles des autres ? Nous, Africains, refusons avec fermeté d’être traités de la sorte.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, vient de faire l’objet de violentes critiques, dans un livre signé Pierre Péan, avant tout parce qu’il serait votre ami. Est-ce exact ?

Je connais Bernard Kouchner depuis une quinzaine d’années. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois, nous avons travaillé ensemble, et je crois qu’il connaît les problèmes de cette région mieux que la plupart des Français. Pour le reste, je pense qu’il devrait plutôt tirer fierté d’être ainsi attaqué par des gens, toujours les mêmes, qui font commerce de la haine, de l’ignorance volontaire et de la falsification de l’Histoire. C’est l’hommage du vice à la vertu.

La commission Mucyo sur les responsabilités de la France dans le génocide a rendu son rapport en août 2008. Comptez-vous lancer des mandats d’arrêt internationaux contre la vingtaine de personnalités françaises citées dans le document ?

Il n’y a ni urgence ni pression particulière pour cela. Nous avons tout notre temps. Le moment venu, nous prendrons la décision appropriée.

Près de la moitié du budget de l’État rwandais dépend de l’aide extérieure. Et, pourtant, vous ne cessez d’appeler vos compatriotes à se passer de cette aide. Pourquoi ?

Parce que cette situation est malsaine. On ne peut pas continuer éternellement à dépendre de la charité des autres, des impôts que paient les autres et in fine de leur bonne ou mauvaise volonté à nous aider. C’est humiliant et nous devons tout faire pour conquérir notre indépendance économique le plus vite possible. Il faut travailler encore plus, s’organiser encore mieux et compter sur nos propres forces. C’est une question de dignité.

Les bailleurs de fonds le reconnaissent : vous ne badinez pas avec la corruption. 180 fonctionnaires, des ministres, des secrétaires généraux ont été condamnés pour cela depuis 2005. Personne n’est à l’abri ?

Personne. Ce qui est important chez nous, c’est que cette lutte n’est pas l’affaire d’un homme seul – moi-même en l’occurrence. C’est tout le système qui est anticorruption. Nous avons multiplié les stages de sensibilisation, créé un office de l’Ombudsman spécifiquement chargé de cela, alourdi les peines, rendu publiques les identités des coupables afin de leur faire honte. Il reste certes un long chemin à parcourir et des nids de corruption à éradiquer au sein des forces de l’ordre et des tribunaux gacaca par exemple. Mais pour un pays qui, en ce domaine, partait de zéro, les progrès accomplis sont impressionnants.

Le Rwanda détient un double record mondial : celui du pourcentage de femmes au Parlement et au sein de la magistrature. Ainsi que l’une des proportions les plus élevées de femmes ministres. En êtes-vous fier ?

Certainement. Là aussi, pour comprendre et mesurer, il faut voir d’où nous venons. La femme rwandaise était un être secondaire, privé de ses droits, au service des hommes. Il en allait de notre responsabilité de dirigeants de déclencher cette révolution-là sur tous les plans : législatif, économique, social… Je dois dire que nous n’avons rencontré que peu de résistances de la part des hommes. La plupart ont parfaitement compris l’importance de ce combat.

Le génocide de 1994 a été officiellement rebaptisé « génocide des Tutsis du Rwanda ». Était-ce vraiment indispensable ?

Nous n’avons pas rebaptisé, nous avons complété et précisé l’appellation de génocide. Un génocide, c’est l’extermination planifiée d’un groupe ethnique, tribal ou religieux spécifique, ce n’est pas une guerre civile. Au Rwanda, le groupe visé était le groupe tutsi, exclusivement. Les Hutus qui ont été tués en 1994 ne l’ont pas été dans le cadre d’une volonté génocidaire, mais pour d’autres raisons. Cela, chacun peut le comprendre.

Serez-vous candidat à votre propre succession, lors de la présidentielle de 2010 ?

Rien ne s’y oppose en principe. Mais on ne sait jamais : le FPR, mon parti, peut fort bien décider que l’on m’a assez vu à ce poste et que quelqu’un d’autre doit prendre ma place.

Hypothèse peu probable… Mais, en ce qui vous concerne, vous êtes-vous fixé une limite ?

Celle que fixe la Constitution. Deux mandats consécutifs de sept ans.

Vous y tiendrez-vous vraiment ? Dans huit ans, le cas échéant, je vous reposerai la question…

Vous aurez une réponse bien avant.

Êtes-vous toujours aussi fan du modèle asiatique de développement ?

Sans aucun doute. Il y a un demi-siècle, des pays comme Singapour, la Malaisie, la Corée, la Chine ou l’Inde étaient au même niveau de développement que l’Afrique. Regardez aujourd’hui où ils en sont et où nous en sommes. Nous avons beaucoup à apprendre d’eux.

On vous dit aussi admirateur ­d’Israël…

Ce n’est pas une affaire d’admiration. Je vois qu’Israël a réussi en de nombreux domaines et a su faire face à des défis, notamment sécuritaires, d’une manière intéressante et instructive pour nous.

Et puis, vous êtes deux États nés, d’une certaine façon, d’un génocide…

Peut-être. Mais les circonstances, de part et d’autre, sont différentes. Sous bien des aspects, notre expérience est unique.

La Cour pénale internationale vient de lancer un mandat d’arrêt international contre le président soudanais El-Béchir. On sait que vous êtes contre la CPI. Vous êtes donc pour l’impunité ?

Je voudrais qu’on me comprenne bien. Je n’exécuterai pas le mandat d’arrêt contre El-Béchir et je ne signerai pas les statuts de la CPI. Non pas parce que je suis opposé par principe à la justice internationale, ni parce que les chefs d’État sont au-dessus des lois, ni parce qu’El-Béchir serait a priori innocent des crimes qu’on lui reproche, mais parce que je n’ai pas confiance dans cette CPI. Ce n’est pas avec elle qu’une justice mondiale impartiale et équitable pourra être rendue. Le problème n’est pas que seuls des Africains aient été jusqu’ici traduits devant cette cour. C’est un épiphénomène. Le problème est que, dès le début, on a pu voir, sentir, détecter derrière sa façon très sélective de fonctionner un mélange d’agenda et de manipulation politiques des riches contre les pauvres. Je suis pour les tribunaux pénaux internationaux spécifiques sous la houlette de l’ONU, comme celui d’Arusha sur le Rwanda, celui sur la Sierra Leone, sur l’ex-Yougoslavie et pourquoi pas demain sur le Darfour. Eux au moins ont des mandats clairs et savent en principe de quoi ils parlent. Mais je suis contre les magistrats omniscients et omnipotents de la CPI.

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