Israël, la question qui fâche

La conférence des Nations unies contre le racisme, dite Conférence de Durban II, qui doit se tenir à Genève du 20 au 24 avril, est mal partie. Après Israël, le Canada et les États-Unis, l’Italie a annoncé son intention de boycotter cette réunion destinée à dresser le bilan du programme d’action laborieusement adopté à Durban le 9 septembre 2001.

Publié le 16 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Et le pire est peut-être à venir, car d’autres pays occidentaux pourraient leur emboîter le pas. La France, par exemple, où les appels au boycott se sont multipliés. Après le Congrès juif européen et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), les intellectuels « médiatiques » s’indignent de ce qu’Israël et sa politique soient fustigés dans le projet de déclaration finale, et critiquent la composition du bureau préparatoire de la conférence. Présidé par la Libye, il compte en effet parmi ses vingt membres, choisis sur une base égalitaire et régionale, l’Iran et Cuba.Pour l’instant, la France continue à participer aux travaux, mais son Premier ministre, François Fillon, a prévenu qu’elle « n’acceptera pas qu’Israël soit stigmatisé, sa politique calomniée, et que la communauté juive dans son ensemble soit flétrie [sic] ».

Même si l’Italie a justifié son retrait en invoquant les « phrases inacceptables, agressives et antisémites » contenues dans le projet de déclaration, il est difficile de savoir exactement ce qui fait débat. Car le texte, long de 350 paragraphes, est encore au stade de brouillon et n’a été diffusé nulle part. « C’est l’auberge espagnole, explique un diplomate européen en poste à Genève. Chaque pays a proposé des amendements. Quelques paragraphes, sans être antisémites, sont effectivement assez durs à l’endroit d’Israël. D’autres, relatifs à la liberté d’expression, introduits par des membres de l’Organisation de la Conférence islamique, et qui visent à combattre “la diffamation de religion”, risquent aussi de poser problème, car l’Occident ne reconnaît pas cette notion. Mais tout cela a vocation à être profondément remanié d’ici au 20 avril. Des pays comme la Belgique, la Norvège, la Russie, l’Égypte ou la Nouvelle-Zélande s’y emploient dans un esprit constructif. On ne peut s’empêcher de s’interroger sur les raisons réelles qui en ont conduit d’autres à claquer la porte si tôt… »

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Au final, et comme souvent, c’est l’ONU qui va faire les frais de cette empoignade diplomatique. En tentant d’assimiler le sionisme au racisme, la coalition des pays musulmans radicaux prend le risque de faire capoter la conférence. En réagissant par la politique de la chaise vide et en rejetant par avance les conclusions de la conférence, les Occidentaux donnent le sentiment de vouloir escamoter tout débat. En étalant ainsi leurs antagonismes, les participants à Durban II renvoient l’image d’un monde plus divisé qu’il ne l’était au sortir de la Seconde Guerre mondiale et au temps de la guerre froide. Le consensus minimal qui avait permis l’adoption, en 1948, de la Déclaration universelle des droits de l’homme ne serait sans doute plus possible aujourd’hui.

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