La polémique

Entre le Nord et le Sud, la cassure est nette. Tous les pays occidentaux approuvent la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre un mandat d’arrêt contre El-Béchir. Tous les États africains et arabes la dénoncent. D’un côté, la lutte contre l’impunité. De l’autre, le combat contre l’ingérence. Dans le monde arabe, certains n’hésitent pas à attaquer la CPI sur son principe même. Plus nuancés, beaucoup de pays subsahariens s’interrogent sur cette justice qui ne poursuit « que » les criminels africains. Reste la grande question : les chefs d’État du continent répondent-ils à un réflexe de caste ou expriment-ils l’opinion de leurs peuples ? Qui l’emportera ? Desmond Tutu ou Mouammar Kadhafi ? Pour la CPI et son avenir, la réponse n’est pas sans conséquences.

Publié le 16 mars 2009 Lecture : 3 minutes.

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Mandat d’arret contre Béchir: les réactions

Sommaire

Pour la décision de la CPI

SOUDAN

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Abdel Wahid Mohammed Nour

Mouvement de libération du Soudan

« C’est une grande victoire pour les victimes du Darfour et du Soudan. »

Khalil Ibrahim

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Mouvement pour la justice et l’égalité, signataire, le 16 février, d’un accord avec El-Béchir en vue de la paix au Darfour

« Je ne pense pas qu’il soit éthiquement possible de négocier avec quelqu’un qui a commis des crimes au Darfour et a perdu sa légitimité. »

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Hassan el-Tourabi

Opposition islamiste

« On doit accepter la justice internationale, qu’elle soit contre nous ou pour nous. »

ÉTATS-UNIS

Hillary Clinton

Secrétaire d’État

« Si le président El-Béchir pense que l’accusation de la CPI est infondée, il peut la contester. Il aura l’occasion de se défendre au tribunal. »

FRANCE

Éric Chevallier

Porte-parole du ministère des Affaires étrangères

« Nous rappelons notre soutien à la justice pénale internationale. […] Il ne saurait y avoir d’autre solution que politique à la crise du Darfour ».

AFRIQUE DU SUD

MGR Desmond Tutu

Prix Nobel de la paix

« L’occasion est historique. Les dirigeants africains devraient la saisir au lieu de l’escamoter. »

AMNESTY INTERNATIONAL

Irene Khan

Secrétaire générale

« C’est un signal fort, à la fois pour le Darfour et pour le reste du monde : ceux qui violent les droits de l’homme seront traduits en justice, aussi puissants soient-ils. »

Contre la décision de la CPI

CHINE

Qin Gang

Porte-parole du ministère des Affaires étrangères

« La Chine s’oppose à tout acte qui pourrait perturber la situation pacifique globale du Darfour et du Soudan. »

RUSSIE

Ministère des Affaires étrangères

« Omar el-Béchir bénéficie d’une immunité de chef d’État en vertu du droit international. »

UNION AFRICAINE

Jean Ping

Président de la Commission

« La justice internationale ne semble appliquer les règles de la lutte contre l’impunité qu’en Afrique, comme si rien ne se passait ailleurs, en Irak, à Gaza, en Colombie ou dans le Caucase. »

LIGUE ARABE

Amr Moussa

Secrétaire général

« Nous sommes solidaires du président Omar el-Béchir. […] C’est un développement grave, qui n’a pas tenu compte de l’immunité des chefs d’État qui figure dans la Convention de Vienne de 1961. »

LIBYE

Mouammar Kadhafi

« Guide » de la Jamahiriya

« Le mandat d’arrêt constitue un grave précédent contre l’indépendance des petits États, leur souveraineté et leurs choix politiques. »

ALGÉRIE

Mourad Medelci

Ministre des Affaires étrangères

« Nous rejetons catégoriquement la politique du deux poids deux mesures, et soutenons la campagne internationale visant à faire annuler la décision de la CPI. »

Louisa Hanoune

Parti des travailleurs – opposition

« Le complot qui se trame au Soudan n’est que le prélude à de futures ingérences dans d’autres pays arabes et musulmans. »

TURQUIE

Ali Babacan

Ministre des Affaires étrangères

« Le gouvernement soudanais a ses défauts, mais on ne pourra aboutir à une solution au Soudan qu’en coopérant avec lui et en le soutenant. »

VENEZUELA

Reinaldo Bolívar

Secrétaire d’État aux Affaires africaines

« Les institutions judiciaires ne doivent pas être politisées. »

EN NUANCES

OUGANDA

Yoweri Museveni

Chef de l’État

« Nous devons attendre le résultat de l’enquête de l’Union africaine, conduite par Thabo Mbeki, avant de condamner El-Béchir et ce qu’il est censé avoir fait. »

ÉTATS-UNIS

Russell Feingold

Président de la sous-commission du Sénat pour les Affaires africaines

« Si des progrès importants contribuaient à mettre fin à la violence sur le terrain, on pourrait alors envisager une suspension [du mandat d’arrêt].»

ARGENTINE

Julio César Strassera

Ancien procureur au procès de la junte argentine

« Ce mandat d’arrêt constitue un progrès. Je serais curieux de savoir si la même chose pourrait arriver au président des États-Unis ou de la Russie. »

ONU

Aucune déclaration officielle.

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