Kadhafi contre l’Union africaine

Il est venu, il a vu mais il n’a pas vaincu… Le « Guide » libyen Mouammar Kadhafi, président en exercice de l’Union africaine (UA), s’est rendu à Nouakchott le 11 mars pour tenter de trouver une issue à la crise mauritanienne. Au menu de cette improbable médiation : bain de foule en limousine au côté du général Ould Abdelaziz – le tombeur d’Abdallahi –, prière collective dirigée par le « roi des rois traditionnels d’Afrique » à l’occasion du Mouloud, pose de la première pierre d’un hôtel 5 étoiles financé par son pays… Drôle de programme pour une supposée sortie de crise. Si Kadhafi jouit d’une influence indéniable sur le continent, il est tout de même difficile de croire que l’UA ne pouvait désigner de médiateur plus approprié.

Publié le 16 mars 2009 Lecture : 1 minute.

L’organisation panafricaine qu’il préside (hélas !) pour un an s’est fixé pour doctrine de décourager les coups d’État, d’exclure et de sanctionner les pays où ils interviennent. Elle se bat également pour que ses membres soient dirigés par des gouvernements issus d’élections libres et transparentes. Bref, tout le contraire des thèses défendues ou appliquées par le « Guide », arrivé au pouvoir en septembre 1969 à la suite d’un coup d’État et qui, en près de quarante ans, ne s’est jamais présenté devant le moindre électeur…

Plutôt que de reconnaître son échec – ou du moins d’annoncer que le dialogue se poursuivait pour trouver une solution –, Kadhafi a préféré entériner le putsch du 6 août (« Ce qui est fini est fini », a-t-il déclaré), rejeter le principe des sanctions et se contenter de l’organisation, le 6 juin, de l’élection présidentielle… par la junte au pouvoir. Sans même aborder la question pourtant primordiale des conditions de ce scrutin. Encore une fois, tout le contraire des positions adoptées jusqu’ici par l’UA. En revanche, le « Guide » n’a pas oublié ses lubies, comme attaquer « ces puissances étrangères qui cherchent à faire dégénérer cette lutte de pouvoir ». Ou son plaidoyer pour une Afrique responsable, « capable de régler ses propres problèmes ». Un leitmotiv repris par l’Union africaine à l’occasion de l’inculpation par la Cour pénale internationale du Soudanais Omar el-Béchir. Oui, l’Afrique peut certainement régler ses problèmes elle-même. Encore faudrait-il employer la bonne méthode et désigner les personnes idoines.

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