Paroles de masques

Chef-d’œuvre du patrimoine oral de l’humanité, le Gule Wamkulu était présenté pour la première fois à Paris.

Publié le 10 mars 2009 Lecture : 1 minute.

Ils avancent depuis le bout du village. Formant un demi-cercle, femmes et enfants les attendent dans une fébrilité joyeuse. Personnages étranges et énigmatiques, le visage couvert de plumes ou de bouts de tissu, le corps maculé de terre rouge, la ceinture, les chevilles enserrées de raphia et de végétaux, ils arrivent.

Tenant au bout du bras des branchages, les voilà qui s’agitent, raclent le sol nerveusement, soulèvent la poussière. Puis d’autres masques en bois peint leur succéderont. Un chien affamé, un singe imprévisible, un oiseau redoutable… Des créatures poussant des cris, des grognements étranges. Les bambins reculent, apeurés. Leurs grandes sœurs rigolent et dansent. Les tambours cavalent, les voix des femmes emplissent l’espace. À chaque masque correspond un chant, un message, le plus souvent éducatif. Respect des anciens, dangers d’une vie sexuelle précoce et dissolue (d’après des statistiques publiées en 2004 par UNAIDS, près de 17 % des personnes adultes entre 15 et 49 ans sont séropositives en Zambie)… Dans le village chewa de Mkaika, dans l’est du pays, loin de Lusaka, la capitale, fière de ses centres commerciaux niant avec arrogance la misère de certains quartiers où le choléra revient semer la désolation, les danseurs masqués de la société secrète nyau dansent dans la lueur du soleil couchant. Au loin, entre les maisons de terre aux toits de chaume, les non-initiés restent prudemment à l’écart.

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Dispersés entre la Zambie orientale, certaines régions du Mozambique et du Malawi, les Chewas sortent les masques au cours de cérémonies funéraires et de rites d’initiation ou après les moissons, à la fin du mois d’août. Le rituel s’appelle Gule Wamkulu, « la grande danse » en chewa. Classé chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’Unesco, il était présenté pour la première fois en Europe, du 5 au 8 mars, à la Maison des cultures du monde, à Paris, dans le cadre du Festival de l’imaginaire.

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