Trésors magiques

Le musée du Quai Branly consacre une grande exposition aux fétiches. Des pièces présentées pour la première fois au public.

Publié le 10 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Un sac dans une étoffe beige. À l’intérieur, un trésor magique : pattes de poules, sabots, pinces de crabes, cauris, noix, crâne d’oiseau… mais aussi fourneaux de pipes et médicaments. Voilà de quoi remettre de l’ordre là où le désordre s’est installé.

« Les fétiches, explique Nanette Jacomijn Snoep, commissaire de l’exposition Recettes des dieux*, ont une fonction thérapeutique. Ils répondent à un mal physique ou moral. » Pour la première fois sont présentés au public quelque 200 objets, provenant du Congo, du Bénin, du Togo, de la Côte d’Ivoire, du Nigeria, du Ghana, de Madagascar et d’Algérie.

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« Bien souvent, leur signification échappe au regard occidental », reconnaît Nanette Jacomijn Snoep. Certains sont plus ou moins figuratifs, d’autres zoomorphes, comme ce chien en bois dont le corps est entièrement planté de clous. D’autres encore, informes, tels les boliw (Mali), constitués d’une armature en bois recouverte d’un amalgame de matériaux divers : racines, sang séché, terre… Le boli vit, grandit, grossit, au fur et à mesure des demandes et des offrandes. « Le geste du devin compte autant que l’objet. On ligote pour contrôler : le nœud attache, détache, relie et sépare. On enveloppe pour panser et réparer. »

Objets surréalistes

Nanette Jacomijn Snoep n’a pas voulu se limiter au continent africain. « Ce n’est pas une exposition sur l’Afrique fétichiste. Nous avons tous nos fétiches, même les Européens. » Raison pour laquelle elle a consacré une vitrine en fin de parcours à de bien étranges verres et carafes déformés par l’éruption de la montagne Pelée (Martinique), en 1902. « Je les ai trouvés dans les collections du musée. Personne ne savait d’où ils venaient. J’ai découvert, par hasard, qu’André Breton les avait présentés lors de l’exposition surréaliste de 1936. Ces objets appartenaient au frère du gouverneur Émile Merwart, mort lors de l’éruption. Ils portent en eux la mémoire de cette catastrophe et ont profondément marqué ensuite le poète. Ils ont fonctionné pour lui comme des fétiches. » La comparaison avec les fétiches africains est sans doute forcée et pour le moins surprenante. Mais l’on ne saurait résister pour autant à la beauté singulière de ces objets fondus…

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